Paru dans Sud-Ouest le 28/05/2014:
Moins de deux mois après
sa victoire aux municipales à Périgueux, Antoine Audi vient de voir
passer la première manifestation visant à dénoncer l'une de ses
décisions.
150 à 200 personnes ont
répondu hier à l'appel du Parti socialiste pour exiger du maire UMP
de Périgueux la suppression de l'arrêté entré en vigueur mardi
dernier, et qui place sous le coup d'une sanction le fait de mendier
en centre-ville :
"En instaurant cet
arrêté, le maire nous dit qu'un pauvre, c'est dangereux. Il tente
aussi de rendre invisibles ceux que notre société tend à ne pas
vouloir voir, parce qu'ils reflètent nos propres fragilités et
notre difficulté à faire reculer la pauvreté", s'est exclamé
Cédric Brun, adhérent du PS.
Il était au pied de
l'arbre de la Liberté, rebaptisé pour l'occasion arbre de la
mendicité. "Périgueux mérite mieux que d'être associée aux
autres villes qui, comme Hénin-Beaumont, font de la chasse aux plus
fragiles une priorité." Référence à l'intention du maire FN
Steeve Briois de prendre le même arrêté dans sa commune du
Pas-de-Calais. Autant dire du pain béni pour le parti devenu
minoritaire au Conseil municipal.
- Les « anars » à part
Le mouvement brassait
large, rassemblant aussi bien le communiste Vianney Le Vacon que
l'ancien maire Michel Moyrand. Le père Jean-Louis Favard, vicaire
épiscopal à la solidarité, annonçait dès le matin sa
participation : "De telles pratiques aggravent davantage la vie
des moins bien lotis de notre société. Il est trop facile et
inefficace de masquer la crise que traverse notre pays en bannissant
de nos villes ses stigmates les plus visibles : la pauvreté,
l'exclusion."
Les libertaires et
anarchistes aussi en étaient. Mais s'ils ne se voyaient pas ne pas
en être, ils ne se voyaient pas non plus se mélanger aux
représentants du parti au pouvoir. Ils ont donc organisé une action
en marge : "La politique menée par le Parti socialiste en tant
qu'institution politique depuis trente ans est clairement scélérate
et sécuritaire. Des lois Chevènement à celles de Valls, de la
dissolution de 1986 aux expulsions d'étrangers sans-papiers, le
Parti socialiste a participé lui aussi à la banalisation des idées
du Front national."
- Une manifestation samedi ?
La pétition lancée sur
Internet poursuit son bonhomme de chemin : elle dépassait hier soir
les 670 signataires. Sur Facebook, un mouvement, cette fois
apolitique, est en train de se monter en vue d'organiser une
manifestation samedi, à l'heure du marché. Plus de 500 personnes se
disent prêtes à y participer.
Dans cette foule
polymorphe, l'un des manifestants avait la voix qui tremblait au
moment de s'exprimer. Lui qui a plutôt l'habitude de tendre la main
sur le cours Montaigne les a jointes hier en guise de remerciement.
Mais s'il trouvait du réconfort dans cette mobilisation, il ne
cachait pas que ses sentiments se recouvraient d'une teinte de
tristesse : "Quand on va se quitter tout à l'heure, je serai
encore tout seul."
Article publié par Thomas Mankowski
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