samedi 11 juillet 2015

Sur le référendum grec : abstention révolutionnaire !

Texte du Groupe Anarchiste Kath’odon (Athènes)

 

Après une longue période de négociations avec ses autres partenaires européens, la coalition de SYRIZA-ANEL a décidé de recourir à un référendum. Ceci est bien sûr une question très importante qui concerne directement notre vie et aura un impact très direct sur elle. Le gouvernement fait un choix de démocratie directe, s’adressant à l’ensemble de la société. Il s’agit d’un choix politique honnête, éthique et démocratique, car une décision aussi importante doit être prise par l’ensemble des gens qui vivent en territoire grec. Soutenir le "NON" créera des conditions pour le développement d’un mouvement radical et contribuera à améliorer les conditions de vie de notre classe. Correct ? Pas du tout !


Référendum de démocratie directe ? 


En ce qui concerne le « référendum » et ses liens avec la démocratie directe ; qui pose la question à laquelle la réponse est « oui ou non », pose à la fois le cadre de la discussion (et donc le cadre de la décision) et aussi le cadre de la gestion politique du résultat. Les questions qui sont posées par "ceux d’en haut" n’ont rien à voir avec tout processus de démocratie directe. Par exemple, si c’était à nous de poser la question, on dirait : "voulez vous que les patrons nous exploitent, oui ou non ? Voulez vous que l’État nous impose des impôts pour financer les banques, les capitalistes et son mécanisme bureaucratique, oui ou non ? Voulez-vous quelqu’un d’autre à part nous décide pour nos vies, oui ou non ?" Il s’agit donc des questions qui priorisent nos propres besoins et désirs et ne contribuent pas à la création d’un ensemble nationaliste et interclassiste qui doit se prononcer sur le "salut de la patrie" et contre les méchants "spéculateurs étrangers et les impérialistes." Il s’agit des questions qui ne font pas la promotion du capitalisme et de l’étatisme en tant que "route à sens unique"...

Un processus relève de la démocratie directe lorsque ceux qui y participent le font de manière cohérente et égalitaire afin d’autogérer leur vie, et non pas quand un gouvernement décide de temps à autre de "consulter le peuple" à ses propres fins. La démocratie directe n’a pas de sens si elle est déconnectée de la liberté, de l’égalité et de la solidarité, si elle est déconnectée du communisme libertaire et de l’anarchie. Les réponses en commun du patronat et des esclaves salariés, des dirigeants et des dominés, à une question posée par le gouvernement, nous rappelle les réponses en commun des loups et des moutons sur le repas du soir.


Quant aux résultats du référendum,


Quand le gouvernement nous demande si nous préférons son mémorandum ou celui de ses créanciers, toute réponse de la part de notre classe (la classe des exploités et des opprimés) se retournera contre nous. Via ce référendum, le gouvernement qui a été élu il y a 5 mois, veut rendre notre classe complice des nouvelles mesures qui seront prises contre elle, complice de décisions que le gouvernement prendra le lendemain, quelles qu’elles soient. Cette responsabilité partagée sera un obstacle à la création d’un mouvement radical qui peut contester les choix des dominants. Quant au résultat du référendum, le gouvernement l’utilisera soit pour négocier avec ses partenaires et obtenir en même temps un consensus social (en vue d’un "accord mauvais mais nécessaire"), soit pour se déresponsabiliser d’une sortie éventuelle de l’Union Monétaire (Euro). En tout cas, notre classe continuera à subir les conséquences de cette restructuration capitaliste et étatique. Une participation au référendum signifie l’acceptation de notre côté de ce fait.

En ce qui concerne la différence entre les deux options définies par le gouvernement ; le OUI signifie la pleine acceptation de la politique capitaliste des mémorandums. Le NON signifie la légitimation sociale du gouvernement grec afin qu’il continue à négocier avec les créancier de l’Etat grec pour décider combien de milliards seront économisés par les mesures qui s’imposeront à notre classes. Pour décider donc d’accepter une politique d’austérité légèrement différente.

Quel que soit le résultat du référendum, ses effets affecteront notre classe. Un nouveau mémorandum, venant de l’Europe ou de la gauche, l’exploitation et l’oppression seront intensifiées. Tant qu’il y a l’État et le capitalisme, avec l’euro ou avec la drachme, l’appauvrissement de notre classe continuera et une très petite partie de la société continuera à décider à notre place et à exercer son autorité.


En ce qui nous concerne,


Nous refusons par principe de participer à toute procédure électorale et de répondre à un dilemme imposé par l’État, parce que pour nous cette procédure légitime le pouvoir et reproduit de faux espoirs quant à une meilleure gestion de l’État ; d’un État dont l’existence ne fait que perpétuer, reproduire et créer des divisions. L’attitude de Syriza ces derniers cinq mois envers le peu de mouvements, a de nouveau confirmé que l’État continue à fonctionner même si le gestionnaire change, même si le gestionnaire est de gauche et progressif. Au même titre que le neo-liberalisme, la social-démocratie (qui est préconisé par Syriza en théorie) est hostile envers les mouvements qu’elle ne contrôle pas, en essayant de les intégrer lorsqu’elle ne les réprime pas directement.

Donc, qu’on n’essaye pas de nous convaincre que la participation au référendum et le NON "fier et national" proposé par Syriza, peuvent modifier les conditions de lutte de classe à notre profit ou peuvent contribuer à la construction d’un mouvement radical. Ceux qui choisissent de ramper "pour des raisons tactiques" derrière des dilemmes imposé par l’État, en soutenant directement ou indirectement le NON, soutiennent directement la capitulation sans condition de notre classe aux mémorandums de gauche.

Ceci dit, on n’ignore que au sein du système capitaliste il y a des conflits internes et que la victoire éventuelle du OUI aidera à l’avancée du totalitarisme moderne (sous la forme promue par les États européens). Cependant, le soutien (même indirect) à cette partie de dominants qui favorisent une gestion capitaliste alternative de la crise systémique, ne peut en aucun cas créer des conditions pour le développement d’un mouvement social et de classe vraiment radicale et avec une perspective révolutionnaire. Il permet simplement de remplacer le dominant. Qui pense qu’il peut utiliser les armes de l’ennemi de classe en faveur de notre mouvement (ex. le référendum actuel), se trompe. Ceux qui se sont précipités pour voter pour Syriza lors des dernières élections, en ayant cette perspective dans leur esprit, se sont trompés de manière lamentable.


Quant à une éventuelle sortie de la Grèce de l’UE


L’UE est un centre transnational de Pouvoir avec sa propre armée et sa propre monnaie qui tend à devenir un hyper-État fédéré. Les bourgeoisies des États-nations qui composent l’UE n’ont pas toujours des intérêts en commun. Cela se reflète dans tous les conflits en son sein, comme dans le conflit actuel. De même, une partie des capitalistes grecs a intérêt à soutenir le NON au référendum (ce qui explique en partie l’attitude des nazis de l’Aube Dorée), tandis qu’une autre partie (et probablement la plus forte actuellement) a intérêt à soutenir le OUI. il s’agit d’un conflit interne au système qui n’a rien à voir avec nos intérêts de classe et leur promotion. De notre côté, en tant qu’ anarchistes nous sommes contre tout État, qu’il soit national ou transnational et nous luttons pour sa destruction. Nous sommes solidaires avec toute personne de notre classe qui lutte pour la destruction de l’État. Dans ce contexte, nous luttons aussi contre l’UE. Ainsi la question d’être ou pas dans l’UE n’a pas de sens pour nous. Il n’a donc pas beaucoup de sens pour nous la question à l’intérieur ou à l’extérieur de l’UE. Nous cherchons la destruction de l’UE et des appareils étatiques qui la composent, qui comprend l’Etat qui nous opprime le plus directement, l’État grec.

En tant qu’anarchistes nous n’avons jamais adopté une théorie des étapes qui priorise d’abord une lutte de libération nationale et anti-impérialiste et par la suite la révolution socialiste. Par conséquent, la devise "sortons de l’UE" nous est étrangère ; car cela suppose l’existence d’un État-nation (social-démocrate ou ouvrier) souverain qui réalise cette sortie et qui se raccroche au char d’une autre "grande puissance".


L’ennemi est dans la zone Euro. Et en dehors ?


La monnaie est un instrument de politique économique aux mains d’un État et un paramètre très important pour la plus-value capitaliste. Nous considérons que les dilemmes "euro ou drachme" et "à l’intérieur ou à l’extérieur de l’UE" sont artificiels. Avec l’euro se poursuivra l’exploitation et l’oppression par l’État et par la partie du capital qui a investi sur le territoire grec. Avec la drachme se poursuivra l’exploitation et l’oppression par l’État et par une autre partie des capitalistes, qui a retiré ses capitaux en attendant d’investir dans un pays avec une monnaie dévaluée, en attendant d’acheter à un prix avantageux. Au delà de la monnaie,tant que notre classe refuse de réaliser sa propre force collective, tant qu’elle refuse de se battre contre les patrons et l’État, tant qu’elle refuse de prendre sa vie en mains, tant qu’elle refuse de poser la vraie et unique question, capitalisme et étatisme ou révolution sociale, notre vie continuera à s’appauvrir.

Nous résistons à l’appauvrissement de nos vies, nous nous battons pour une Europe (et tout un monde) sans frontières, sans états, sans capitalisme. Une Europe (et tout un monde) fondée sur la solidarité entre les êtres humains, dans les communes fédérées librement, dans des relations de liberté et d’égalité.


Abstention du référendum.
Posons nos propres questions, donnons nos propres réponses.
Pour la révolution sociale, pour le communisme libertaire, pour l’anarchie.

 

Groupe Anarchiste Kath’odon (Athènes)

jeudi 25 juin 2015

Les Reclusiennes - cuvée 2015

=> accastillage :
# moisson
http://is.gd/RtVDH7
ou
http://ur1.ca/mw1jc


50 évènements en 5 jours : chercheurs, écrivains et artistes interrogeront la marche, le voyage, le nomadisme, l’errance et bien sur la migration qui en sera le thème d’actualité.



* Mercredi 8 juillet 2015

=> Nous sommes tous des migrants - "Sainte Foy la Grande ville monde".

De 14h à minuit: cuisine collective autour de la farine de blé, mise en scène et en musique de textes de foyens migrants, expositions, concert jazz et bal gratuit.
Points forts de la journée: création musicale du saxophoniste François Corneloup autour des histoires de migrants en pays foyen et bal populaire.



* Jeudi 9 juillet 2015 :

=> Repenser les migrations

les chercheurs français et européens des questions migratoires se sont donnés rendez-vous aux Reclusiennes.
De 10h à minuit: 1 apéritif débat, 2 conférences, 4 ateliers, danses, expositions, films, paseo surprise.
Points forts de la journée: l'anniversaire des 50 ans de la revue Homme et Migrations; Danser les migrations avec Thierno NDiaye; l'entretien avec Catherine Withol de Wenden; l'hommage à Véronique de Rudder.



* Vendredi 10 juillet 2015 :

=> Marcher pour contester. De l'Italie au goulag, de Selma à Montgomery, des sans-papiers au livret de circulation.

De 10h à minuit: apéritif débat, conférences, ateliers, films, documentaires, concerts anarcho-punk.
Points forts de la journée: les entretiens sur le parvis avec Marie Poinsot "les marches pour l'égalité" et "la marche de l'anarchisme dans le monde" avec Gaetano Manfredonia; la conférence d'Axel Kahn "Entre deux mers, voyage au bout de soi".

* Samedi 11 juillet 2015 :

=> "Je vous écris du plus lointain de mes rêves", marcher pour penser le monde.De 10h à minuit: conférences, ateliers, salon littéraire, expositions, films, concert, spectacle.

Points forts de la journée: les grands entretiens du matin « Marcher, une philosophie » ; une surprise pour Claude Villers; la remise du prix des Reclusiennes à Christophe Dabitch (auteur de BD, ed. Futuropolis); "A l'abordage" le one-man-show comique de Daniel Villanova.


* Dimanche 12 juillet 2015 :
=> La grande marche.

De 8h à minuit: marche de 20km, entretiens, concert classique, film débat avec le réalisateur.
Points forts de la journée: pique-nique autour d'Elie Faure, concert de la soprano Ethel Brizard, Laurent Hasse présente son film "Le bonheur, terre promise" sélection des Reclusiennes 2015.

Pendant les Reclusiennes, les stagiaires en écriture musicale, les stagiaires en improvisation théâtrale et les artistes en résidence participent aux évènements et installent des "off" surprises au cours du festival.










Il est urgent d'agir, tract diffusé le 25 juin à Périgueux

 Il est urgent d'agir !

 Tract diffusé à la manifestation syndicale du 25 juin 2015

 

Depuis l’arrivée de la « gauche » au pouvoir en 2012, la machine libérale en marche n’a de cesse d’augmenter la cadence : les politiques menées portent de nombreux coups violents et répétés contre les travailleurs, tout en éclatant ce qui pouvait unir les salariés.

La loi Macron enterre un peu plus le Code du travail, détruit le CDI, favorise les licenciements, ampute le conseil des prud’hommes, englue la justice sociale, comble les quelques errements de la loi de sécurisation.

La loi Rebsamen (DUP, NAO, CHSCT), du nom du ministre du Travail, celui-là même qui a déclaré que
« le contrat de travail n’impose pas toujours un rapport de subordination entre l’employeur et le salarié [puisqu'il] est signé par deux personnes libres », est en concordance et en complément de la loi Macron. C’est un recul très net du droit des travailleurs, et une avancée terrible dans la sécurisation de la délinquance patronale.

On assiste là à la destruction des conquêtes globales obtenues depuis la Seconde Guerre mondiale, destruction qui se traduit par la mise à mort de la protection sociale amorcée notamment par le pacte de responsabilité, l’exonération des cotisations pour les bas salaires, le gel des aides au logement, la réforme des retraites, la modification de l’attribution des aides familiales.

Cette politique va de pair avec une destruction des services publics mise en œuvre de façon plus accentuée (la santé, notamment les hôpitaux, et l’action sociale, le logement, l’éducation) et qui nous inquiète bien que nous ne soyons pas attachés à une gestion étatique desdits services publics.

Les coups pleuvent de manière brutale et destructrice. Ces politiques s’accompagnent de celles qui visent à disloquer l’unité, l’égalité (le peu qu’il reste) des travailleurs. Dans les entreprises, ce sont les horaires décalés, les différences de rémunération, la discrimination positive ; au chômage, c’est la différenciation des allocations ; sur les territoires, c’est la réforme territoriale : non pas que l’on y soit attaché là encore, mais il existe des communes où la gestion directe pouvait exister. Sous la pression de l’Europe et de ses institutions internationales, l’État impose un pyramidage territorial nouveau qui tue la commune au profit des intercommunalités, des agglomérations, des régions. C’est le retour aux baronnies, aux fiefs.

La résistance est donc éclatée et vient, en outre, se heurter à l’antiterrorisme qui, prenant prétexte de la lutte contre un pseudo-ennemi intérieur, s’attaque brutalement aux dernières libertés individuelles et collectives de tous et toutes. La loi sur le renseignement, bientôt votée à l’Assemblée nationale, achève de faire de l’antiterrorisme un mode de gouvernement qui, déjà, s’en prend à des militants du mouvement social et syndical.

Dans ce contexte d’extrême brutalité, les divisions sont accentuées et exacerbent toutes les idées de rejet : xénophobie, racisme, repli sur soi, etc. Le système capitaliste s’en satisfait : pendant que l’on tape sur le travailleur immigré ou le chômeur, on ne se bat pas.

En face, qui réagit ? En Grèce, les mouvements sociaux de grande ampleur ont cédé à l’appel des urnes. Le parti d’extrême gauche tient un discours qui choque les Européens libéraux, mais il s’est littéralement couché devant eux. En France, les luttes dispersées et temporaires ne constituent pas de véritables révoltes. Les syndicats sont toujours plus muselés par le gouvernement, avec loi sur la représentativité, celle sur le financement des syndicats et, maintenant, avec l'idée d'un « sénat social » (intégration d’une partie des organisations syndicales par l’absorption d’une partie du CESE).

Mais le terrain de la lutte de classe se situe dans le combat syndical, notamment parce qu’il permet la remise en cause directe de l’exploitation capitaliste. Le paysage syndical s’est modifié il y a un peu plus de deux ans et le nouvel axe – sans occulter les logiques d’appareil – pourrait donner des résultats prometteurs. Les militants anarcho-syndicalistes entendent peser de tout leurs poids pour créer le rapport de force et construire par une réflexion approfondie, coordonnée et partagée la voix de la résistance.

Groupe Emma Goldman de la Fédération anarchiste - Périgueux

jeudi 23 avril 2015

Tract du groupe Emma Goldman pour le 1er mai 2015

 L’ÉMANCIPATION DES TRAVAILLEURS
SERA L’OEUVRE DES TRAVAILLEURS EUX-MÊMES !

Erosion continue des retraites, stagnation des salaires, multiplication des plans sociaux, hausse du chômage et de la précarité, vie chère et boulots stupides, démantèlement des services publics de la santé, de l’énergie, de l’éducation, des transports, chasse aux sans-papiers et répression des mouvements sociaux et on en passe… L’adage capitaliste selon lequel les pauvres doivent payer parce qu’ils sont les plus nombreux a bien été mis en pratique avec la crise. L’augmentation du nombre de chômeurs en est une preuve, de même que l’abandon progressif des services publics au profit du privé.

Après l’échec des mouvements avortés de 2003 et 2010 contre les réformes pro-patronales des retraites et de 2007 contre la réforme des régimes spéciaux,  les attaques anti-ouvrières se succèdent : CICE en 2012, ANI en 2013, pacte de responsabilité et réforme ferroviaire en 2014, loi Macron en 2015, loi Rebsamen à venir... le patronat avec l’aide des gouvernants et des syndicats collabos mène son offensive tout en ne rencontrant des résistances que localement ou par secteurs isolés.

Les organisations syndicales sont incapables de mettre eu oeuvre une riposte sérieuse. Qu’elles soient terrifiées à l’idée de déclencher des événements qu’elles ne contrôleraient pas, enfermées dans des logiques politiciennes ou engluées dans la collaboration avec les patrons, elles nous cantonnent dans des journées d’actions à répétition, sans lendemains, sans nous proposer de perspectives de combat. On peut d’ailleurs analyser ce rite réformiste de la « journée d’action » comme étant ni plus ni moins qu’un moyen de canaliser les mécontentements. Autant dire un enterrement de tout espoir, y compris pour l’obtention de miettes.

Seules les résistances locales parviennent parfois, de diverses manières, à des résultats. Fédérer les revendications n’est donc pas l’objectif des principales confédérations syndicales.

Ce qu’on nous présente sous le nom de démocratie n’est qu’une mascarade : le vrai pouvoir est entre les mains des hauts fonctionnaires, jamais élus, et d’une poignée de grands patrons. Les gouvernants, de droite comme de gauche, exécutent leurs désirs. Les politiciens de toutes espèces qui nous disent le contraire sont de fieffés menteurs. Ils nous saoulent de leurs fumées électorales, alors que, face aux rapaces de l’État et du Medef, nous n’avons qu’une seule solution : la lutte sans merci.

Les patrons ne nous feront aucun cadeau. Ils sont avares, cyniques, brutaux. Ce sont des voyous. Ils s’entendent pour nous tondre la laine sur le dos. Ne soyons plus des moutons ! Ça suffit comme ça ! Il est grand temps de mettre un frein à leur arrogance. Et nous pouvons le faire si nous nous en donnons les moyens.

Les partis politiques nous trahissent ? Laissons-les crever. Nos organisations syndicales ne nous défendent pas ? Investissons-les, portons-y la flamme de la révolte. Et, si c’est nécessaire, débordons-les, construisons mieux et plus fort, organisons-nous à la base, en assemblées générales, en comités de grève révocables, en groupes interprofessionnels, pour construire la grève générale expropriatrice et autogestionnaire.

L’urgence du moment, c’est de relever le mouvement social, qu’il retrouve sa combativité nécessaire à tout progrès social. Pour cela, il n’y a pas de recette, seulement l’huile de coude, le temps donné, la solidarité et la ténacité. De toute façon, rien ne se fera que nous ne ferons nous-mêmes.

Les militants anarchistes réclament et prendront toute leur place dans la lutte à venir. Seul l’anarchisme, l’idée émancipatrice de l’individu, n’a jamais vendu les intérêts des travailleurs à l’État et aux patrons. Seul l’anarchisme peut tirer le mouvement des travailleurs de l’ornière et ouvrir la perspective d’une vraie transformation sociale. Ne plus faire confiance en ceux qui trahissent régulièrement les intérêts de ceux qu’ils prétendent défendre, cela signifie ne plus les élire. Ils ne pourront plus se réclamer d’aucune légitimité. Contre tous ces exploiteurs, petits et grands, l’idée et la pratique libertaires sont les meilleures armes !
CELUI QUI SE BAT PEUT PERDRE
CELUI QUI NE SE BAT PAS A DÉJÀ PERDU !
1er mai 2015

mercredi 8 avril 2015

La lutte des chibanis du rail pour l'égalité

Entre les 23 et 27 mars, 916 chibanis (« cheveux blancs » en arabe), travailleurs à la SNCF, divisés en dix-huit groupes de plaignants sont passés devant la cour des prud’hommes de Paris pour la discrimination salariale dont ils ont été victimes.

Au début des années 1970, la SNCF peinait à recruter pour ses métiers les plus ingrats et les plus pénibles. Elle alla donc chercher de l’autre côté de la Méditerranée la main-d’œuvre bon marché qui lui faisait défaut. Près de 2 000 Marocains, mais également des Algériens et des Tunisiens quitteront le continent africain pour les triages ferroviaires français. Durant toute leur carrière, ils se verront cantonnés aux métiers les moins rémunérés et les plus dangereux (agents de manœuvre, enrayeurs, caleurs, chaîneurs…). N’étant pas Français, ils se verront refuser l’embauche au statut et signeront des contrats de droit privé – appelés PS 25 à la SNCF – tandis qu’ils se verront rattachés à la convention de la métallurgie au lieu de celle des chemins de fer. Leur contrat stipulait pourtant que « le travailleur doit recevoir travail égal, une rémunération égale à celle de l’ouvrier français de même catégorie… 


L’égalité s’étend également aux indemnités s’ajoutant au salaire ». Les travailleurs étrangers ne peuvent évoluer que sur trois grades contre huit grades pour les cheminots au statut, l’accès aux examens leur est refusé parce qu’étrangers, et même ceux qui ont réussi à passer les concours avec succès se sont vu refuser la promotion qui va avec, parce que non français. La discrimination a également portée sur la protection sociale, inférieure à celle de leurs collègues français : les chibanis doivent travailler en moyenne sept ans de plus que leurs collègues, pour une retraite deux fois moins importante, ils n’ont pas accès aux médecins SNCF, et les pensions de réversion aux veuves sont misérables, en moyenne 300 euros.

Le bras de fer juridique a commencé en 2001. En 2005-2006, une démarche juridique entamée par SUD-Rail avait permis à au moins deux tiers des cheminots contractuels marocains de partir à 60 ans avec des indemnités de départ. Entre-temps, un certain nombre de ces cheminots ont pu acquérir la nationalité française et pour une partie d’entre eux intégrer le cadre permanent ce qui a pour effet de multiplier les particularités individuelles parmi les plaignants.


La direction de la SNCF joue la montre et multiplie les recours arguant de la prescription des faits et qu’à l’époque la loi n’interdisait pas selon elle les traitements discriminatoires entre travailleurs français et étrangers au sein d’une même entreprise. Or l’égalité de traitement est inscrite dans la Constitution de 1958, et également dans les textes de l’Organisation internationale du Travail ou encore de la Convention européenne des droits de l’homme que la France a ratifié bien avant.


Enfin la discrimination des travailleurs étrangers va bien au-delà de la SNCF, elle touche depuis longtemps les anciens combattants tandis que l’on estime à près de 850 000 les travailleurs étrangers maghrébins, subsahariens ou chinois venus travailler à France comme à Renault ou dans les houillères du Nord…


Enfin, le soutien syndical a été bien rare et bien tardif. Depuis une dizaine d’années, seul SUD Rail soutient la lutte des chibanis, un militant du syndicat explique que « les syndicats ont longtemps pensé que défendre les contractuels était une façon de reconnaître qu’ils existaient, alors que leur combat portait sur la défense des travailleurs à statut. Et puis, il y avait une sorte de compromis non écrit entre les centrales et la SNCF : il y avait seulement 8 % de contractuels, mais en contrepartie tout le monde s’accordait pour les laisser dans des zones de non droit ».


SUD-Rail revendique, seul et depuis toujours, l’abolition de cette « clause de nationalité » responsable de ces discriminations. Les autres entreprises publiques (la Poste, EDF-GDF, la RATP, Air France, etc.) ont depuis longtemps retiré la clause de nationalité discriminatoire, et ont reconnu l’égalité au travail des salariés extra-européens.


La loi du 4 août sur la réforme ferroviaire prévoit l’éclatement de la SNCF et la remise en cause des droits des cheminots. Aujourd’hui, le gouvernement et le patronat ferroviaire pratiquent le dumping social et veulent niveler par le bas nos conditions de travail. Ainsi, les 155 000 cheminots du public devraient s’aligner sur les 3 000 du privé. Diviser pour mieux dominer et exploiter, c’est toujours la même stratégie des puissants.


À même travail, même salaire et mêmes droits, que l’on soit cheminot de la SNCF ou du privé, que l’on soit Français ou étranger. La prochaine grande lutte des travailleurs du rail, c’est le statut unique et les conditions de travail uniques sur les bases minimales du statut de la SNCF et du RH 0077. Ce procès est un symbole, celui de l’exploitation systématique des travailleurs immigrés dans la France d’après-guerre et des Trente Glorieuses. C’est aussi malheureusement celui du racisme que l’on trouve partout, y compris dans les organisations syndicales qui préfèrent encore aujourd’hui trop souvent ignorer voir mépriser cette classe des travailleurs.


Dans nos syndicats, les militants anarchistes ont la responsabilité de contribuer à élever la conscience politique et syndicale des travailleurs pour combattre TOUS les racismes et toutes les tentatives de division et d’opposition des travailleurs entre eux. L’union de TOUS les travailleurs dans l’action directe et les luttes autonomes et autogérées constitue la force révolutionnaire capable de faire basculer le vieux monde, d’abolir le salariat et d’abattre les frontières pour construire le communisme libertaire.


Chaque chibani réclame en moyenne 400 000 euros de dommages et intérêts. La décision pour les 213 premiers dossiers sera rendue le 21 septembre.



Julien - groupe Emma Goldman


Publié dans le Monde libertaire # 1770 du 2 avril 2015