lundi 5 octobre 2015

Grève du 8 octobre : Tract FA et manifestations à Périgueux à 10h30 Palais de Justice et Bergerac 17h30 Palais de Justice


 Macron, Rebsamen :
finissons-en avec leurs lois !


Depuis son élection en 2012 à la présidence de la République, François Hollande et son gouvernement prétendu « socialiste » font preuve d’une froide cohérence politique, bien loin de l’image du « Flamby » véhiculée par certains médias qui se voudraient satiriques.

Cette politique, c’est la destruction du Code du travail, des conventions collectives et une attaque en règle contre les derniers acquis sociaux des travailleurs. Car le soutien de l’État au patronat ne se traduit pas seulement par l’octroi de cadeaux fiscaux aux montants astronomiques (plus de 40 milliards d’euros en trois ans !) ; c’est aussi une sévère « réforme » du marché du travail et du fonctionnement de l’entreprise, avec l’instauration de ce qu’ils appellent la « flexi-sécurité » (pouvoir licencier plus facilement et précariser davantage les conditions de travail pour, soi-disant, créer des emplois). Une politique qui a depuis longtemps prouvé son échec (le chômage ne diminue pas, les patrons ne tiennent pas leurs engagements), mais que le gouvernement continue d’appliquer, avançant cette fois à marche forcée.

Après les lois Macron et Rebsamen, véritables bombes antisociales, la dernière attaque en date a pris la forme d’un rapport, élaboré par un certain Jean-Denis Combrexelle, concernant une refonte du Code du travail. L’idée est vieille comme la droite : il faut assouplir ce Code-là ! Car le célèbre livre rouge, qu’on dit complexe et illisible, serait, bien sûr, le responsable du chômage, de la crise, de la misère sociale (et pourquoi pas aussi de la guerre en Syrie ?). Les patrons, pauvres malheureux, n’arriveraient pas à se dépatouiller avec ce gros livre, rechignant, de fait, à créer de nouveaux emplois. Que dit ce rapport et en quoi ne laisse-t-il rien présager de bon pour notre avenir de travailleur ?

Le rapport, qui devrait servir de base à un projet de loi en 2016, se targue de dessiner les contours d’un Code du travail 2.0, accessible à tout le monde et, donc, plus à même d’être respecté. Ainsi, travailleurs comme patrons y seraient gagnants (exit l’antagonisme de classe, bien sûr !). Mais, à lire ledit rapport, on se rend vite compte que, si cette histoire venait à devenir réalité, il n’y aurait qu’un seul grand gagnant, toujours le même : le patronat. Car Combrexelle n’y va pas de main morte contre nos acquis sociaux… Zoom sur les points les plus sombres :
– Enterrer les 35 heures en permettant aux entreprises de négocier des accords internes repoussant le seuil des heures supplémentaires au-delà de la 36e heure.

– Revoir les indemnités de licenciement à la baisse dans le cadre d’un accord de maintien de l’emploi. Autrement dit, si vous préférez le licenciement aux nouvelles cadences de travail et aux baisses de salaire imposées par la direction, vous percevrez bien moins d’indemnités de licenciement.

– Faire du numérique une zone de non-droit : les entreprises du numérique – présentées comme l’avenir de l’économie française – auraient tout loisir à élaborer et tester de « nouveaux modes de relation sociale » en matière de rémunération, de durée de travail, de travail de nuit et de représentation syndicale ! Des mesures qui, n’en doutons pas, seront ensuite répercutées au-delà du seul secteur numérique…

– Limiter les accords sociaux en leur donnant une date de péremption (quatre ans).

Le pire, dans tout cela, c’est que, malgré l’ampleur des attaques envisagées, les syndicats n’ont pas vraiment l’air de se sentir concernés. Ou alors ils le font savoir bien mollement. Excepté la CFDT, qui, bien sûr, a presque applaudi des deux mains ce rapport-là, assurant l’État de son soutien quant à sa démarche d’assouplissement (sic) du Code du travail ! On croit rêver…

L’avenir de ce rapport scélérat ne se jouera qu’à notre niveau, celui des entreprises dans lesquelles nous sommes exploités et dans les structures de classe interprofessionnelles que nous saurons investir et animer pour impulser un mouvement social conscient et radical. Les directions syndicales nous ont déjà montré leur incapacité à mobiliser sérieusement contre le gouvernement « socialiste » ; à nous de reprendre nos luttes en mains et de leur montrer que nous pouvons faire sans elles. Sans elles et sans les partis politiques qui, pour sûr, ne vont pas tarder à revenir avec leurs éventails de promesses démagogiques, future campagne présidentielle oblige.

Plus que jamais, faisons entendre notre refus de cette société capitaliste qui nous écrase au quotidien, et construisons ensemble notre autonomie. 


Groupe Emma Goldman de la Fédération anarchiste - Périgueux

samedi 11 juillet 2015

Sur le référendum grec : abstention révolutionnaire !

Texte du Groupe Anarchiste Kath’odon (Athènes)

 

Après une longue période de négociations avec ses autres partenaires européens, la coalition de SYRIZA-ANEL a décidé de recourir à un référendum. Ceci est bien sûr une question très importante qui concerne directement notre vie et aura un impact très direct sur elle. Le gouvernement fait un choix de démocratie directe, s’adressant à l’ensemble de la société. Il s’agit d’un choix politique honnête, éthique et démocratique, car une décision aussi importante doit être prise par l’ensemble des gens qui vivent en territoire grec. Soutenir le "NON" créera des conditions pour le développement d’un mouvement radical et contribuera à améliorer les conditions de vie de notre classe. Correct ? Pas du tout !


Référendum de démocratie directe ? 


En ce qui concerne le « référendum » et ses liens avec la démocratie directe ; qui pose la question à laquelle la réponse est « oui ou non », pose à la fois le cadre de la discussion (et donc le cadre de la décision) et aussi le cadre de la gestion politique du résultat. Les questions qui sont posées par "ceux d’en haut" n’ont rien à voir avec tout processus de démocratie directe. Par exemple, si c’était à nous de poser la question, on dirait : "voulez vous que les patrons nous exploitent, oui ou non ? Voulez vous que l’État nous impose des impôts pour financer les banques, les capitalistes et son mécanisme bureaucratique, oui ou non ? Voulez-vous quelqu’un d’autre à part nous décide pour nos vies, oui ou non ?" Il s’agit donc des questions qui priorisent nos propres besoins et désirs et ne contribuent pas à la création d’un ensemble nationaliste et interclassiste qui doit se prononcer sur le "salut de la patrie" et contre les méchants "spéculateurs étrangers et les impérialistes." Il s’agit des questions qui ne font pas la promotion du capitalisme et de l’étatisme en tant que "route à sens unique"...

Un processus relève de la démocratie directe lorsque ceux qui y participent le font de manière cohérente et égalitaire afin d’autogérer leur vie, et non pas quand un gouvernement décide de temps à autre de "consulter le peuple" à ses propres fins. La démocratie directe n’a pas de sens si elle est déconnectée de la liberté, de l’égalité et de la solidarité, si elle est déconnectée du communisme libertaire et de l’anarchie. Les réponses en commun du patronat et des esclaves salariés, des dirigeants et des dominés, à une question posée par le gouvernement, nous rappelle les réponses en commun des loups et des moutons sur le repas du soir.


Quant aux résultats du référendum,


Quand le gouvernement nous demande si nous préférons son mémorandum ou celui de ses créanciers, toute réponse de la part de notre classe (la classe des exploités et des opprimés) se retournera contre nous. Via ce référendum, le gouvernement qui a été élu il y a 5 mois, veut rendre notre classe complice des nouvelles mesures qui seront prises contre elle, complice de décisions que le gouvernement prendra le lendemain, quelles qu’elles soient. Cette responsabilité partagée sera un obstacle à la création d’un mouvement radical qui peut contester les choix des dominants. Quant au résultat du référendum, le gouvernement l’utilisera soit pour négocier avec ses partenaires et obtenir en même temps un consensus social (en vue d’un "accord mauvais mais nécessaire"), soit pour se déresponsabiliser d’une sortie éventuelle de l’Union Monétaire (Euro). En tout cas, notre classe continuera à subir les conséquences de cette restructuration capitaliste et étatique. Une participation au référendum signifie l’acceptation de notre côté de ce fait.

En ce qui concerne la différence entre les deux options définies par le gouvernement ; le OUI signifie la pleine acceptation de la politique capitaliste des mémorandums. Le NON signifie la légitimation sociale du gouvernement grec afin qu’il continue à négocier avec les créancier de l’Etat grec pour décider combien de milliards seront économisés par les mesures qui s’imposeront à notre classes. Pour décider donc d’accepter une politique d’austérité légèrement différente.

Quel que soit le résultat du référendum, ses effets affecteront notre classe. Un nouveau mémorandum, venant de l’Europe ou de la gauche, l’exploitation et l’oppression seront intensifiées. Tant qu’il y a l’État et le capitalisme, avec l’euro ou avec la drachme, l’appauvrissement de notre classe continuera et une très petite partie de la société continuera à décider à notre place et à exercer son autorité.


En ce qui nous concerne,


Nous refusons par principe de participer à toute procédure électorale et de répondre à un dilemme imposé par l’État, parce que pour nous cette procédure légitime le pouvoir et reproduit de faux espoirs quant à une meilleure gestion de l’État ; d’un État dont l’existence ne fait que perpétuer, reproduire et créer des divisions. L’attitude de Syriza ces derniers cinq mois envers le peu de mouvements, a de nouveau confirmé que l’État continue à fonctionner même si le gestionnaire change, même si le gestionnaire est de gauche et progressif. Au même titre que le neo-liberalisme, la social-démocratie (qui est préconisé par Syriza en théorie) est hostile envers les mouvements qu’elle ne contrôle pas, en essayant de les intégrer lorsqu’elle ne les réprime pas directement.

Donc, qu’on n’essaye pas de nous convaincre que la participation au référendum et le NON "fier et national" proposé par Syriza, peuvent modifier les conditions de lutte de classe à notre profit ou peuvent contribuer à la construction d’un mouvement radical. Ceux qui choisissent de ramper "pour des raisons tactiques" derrière des dilemmes imposé par l’État, en soutenant directement ou indirectement le NON, soutiennent directement la capitulation sans condition de notre classe aux mémorandums de gauche.

Ceci dit, on n’ignore que au sein du système capitaliste il y a des conflits internes et que la victoire éventuelle du OUI aidera à l’avancée du totalitarisme moderne (sous la forme promue par les États européens). Cependant, le soutien (même indirect) à cette partie de dominants qui favorisent une gestion capitaliste alternative de la crise systémique, ne peut en aucun cas créer des conditions pour le développement d’un mouvement social et de classe vraiment radicale et avec une perspective révolutionnaire. Il permet simplement de remplacer le dominant. Qui pense qu’il peut utiliser les armes de l’ennemi de classe en faveur de notre mouvement (ex. le référendum actuel), se trompe. Ceux qui se sont précipités pour voter pour Syriza lors des dernières élections, en ayant cette perspective dans leur esprit, se sont trompés de manière lamentable.


Quant à une éventuelle sortie de la Grèce de l’UE


L’UE est un centre transnational de Pouvoir avec sa propre armée et sa propre monnaie qui tend à devenir un hyper-État fédéré. Les bourgeoisies des États-nations qui composent l’UE n’ont pas toujours des intérêts en commun. Cela se reflète dans tous les conflits en son sein, comme dans le conflit actuel. De même, une partie des capitalistes grecs a intérêt à soutenir le NON au référendum (ce qui explique en partie l’attitude des nazis de l’Aube Dorée), tandis qu’une autre partie (et probablement la plus forte actuellement) a intérêt à soutenir le OUI. il s’agit d’un conflit interne au système qui n’a rien à voir avec nos intérêts de classe et leur promotion. De notre côté, en tant qu’ anarchistes nous sommes contre tout État, qu’il soit national ou transnational et nous luttons pour sa destruction. Nous sommes solidaires avec toute personne de notre classe qui lutte pour la destruction de l’État. Dans ce contexte, nous luttons aussi contre l’UE. Ainsi la question d’être ou pas dans l’UE n’a pas de sens pour nous. Il n’a donc pas beaucoup de sens pour nous la question à l’intérieur ou à l’extérieur de l’UE. Nous cherchons la destruction de l’UE et des appareils étatiques qui la composent, qui comprend l’Etat qui nous opprime le plus directement, l’État grec.

En tant qu’anarchistes nous n’avons jamais adopté une théorie des étapes qui priorise d’abord une lutte de libération nationale et anti-impérialiste et par la suite la révolution socialiste. Par conséquent, la devise "sortons de l’UE" nous est étrangère ; car cela suppose l’existence d’un État-nation (social-démocrate ou ouvrier) souverain qui réalise cette sortie et qui se raccroche au char d’une autre "grande puissance".


L’ennemi est dans la zone Euro. Et en dehors ?


La monnaie est un instrument de politique économique aux mains d’un État et un paramètre très important pour la plus-value capitaliste. Nous considérons que les dilemmes "euro ou drachme" et "à l’intérieur ou à l’extérieur de l’UE" sont artificiels. Avec l’euro se poursuivra l’exploitation et l’oppression par l’État et par la partie du capital qui a investi sur le territoire grec. Avec la drachme se poursuivra l’exploitation et l’oppression par l’État et par une autre partie des capitalistes, qui a retiré ses capitaux en attendant d’investir dans un pays avec une monnaie dévaluée, en attendant d’acheter à un prix avantageux. Au delà de la monnaie,tant que notre classe refuse de réaliser sa propre force collective, tant qu’elle refuse de se battre contre les patrons et l’État, tant qu’elle refuse de prendre sa vie en mains, tant qu’elle refuse de poser la vraie et unique question, capitalisme et étatisme ou révolution sociale, notre vie continuera à s’appauvrir.

Nous résistons à l’appauvrissement de nos vies, nous nous battons pour une Europe (et tout un monde) sans frontières, sans états, sans capitalisme. Une Europe (et tout un monde) fondée sur la solidarité entre les êtres humains, dans les communes fédérées librement, dans des relations de liberté et d’égalité.


Abstention du référendum.
Posons nos propres questions, donnons nos propres réponses.
Pour la révolution sociale, pour le communisme libertaire, pour l’anarchie.

 

Groupe Anarchiste Kath’odon (Athènes)

jeudi 25 juin 2015

Les Reclusiennes - cuvée 2015

=> accastillage :
# moisson
http://is.gd/RtVDH7
ou
http://ur1.ca/mw1jc


50 évènements en 5 jours : chercheurs, écrivains et artistes interrogeront la marche, le voyage, le nomadisme, l’errance et bien sur la migration qui en sera le thème d’actualité.



* Mercredi 8 juillet 2015

=> Nous sommes tous des migrants - "Sainte Foy la Grande ville monde".

De 14h à minuit: cuisine collective autour de la farine de blé, mise en scène et en musique de textes de foyens migrants, expositions, concert jazz et bal gratuit.
Points forts de la journée: création musicale du saxophoniste François Corneloup autour des histoires de migrants en pays foyen et bal populaire.



* Jeudi 9 juillet 2015 :

=> Repenser les migrations

les chercheurs français et européens des questions migratoires se sont donnés rendez-vous aux Reclusiennes.
De 10h à minuit: 1 apéritif débat, 2 conférences, 4 ateliers, danses, expositions, films, paseo surprise.
Points forts de la journée: l'anniversaire des 50 ans de la revue Homme et Migrations; Danser les migrations avec Thierno NDiaye; l'entretien avec Catherine Withol de Wenden; l'hommage à Véronique de Rudder.



* Vendredi 10 juillet 2015 :

=> Marcher pour contester. De l'Italie au goulag, de Selma à Montgomery, des sans-papiers au livret de circulation.

De 10h à minuit: apéritif débat, conférences, ateliers, films, documentaires, concerts anarcho-punk.
Points forts de la journée: les entretiens sur le parvis avec Marie Poinsot "les marches pour l'égalité" et "la marche de l'anarchisme dans le monde" avec Gaetano Manfredonia; la conférence d'Axel Kahn "Entre deux mers, voyage au bout de soi".

* Samedi 11 juillet 2015 :

=> "Je vous écris du plus lointain de mes rêves", marcher pour penser le monde.De 10h à minuit: conférences, ateliers, salon littéraire, expositions, films, concert, spectacle.

Points forts de la journée: les grands entretiens du matin « Marcher, une philosophie » ; une surprise pour Claude Villers; la remise du prix des Reclusiennes à Christophe Dabitch (auteur de BD, ed. Futuropolis); "A l'abordage" le one-man-show comique de Daniel Villanova.


* Dimanche 12 juillet 2015 :
=> La grande marche.

De 8h à minuit: marche de 20km, entretiens, concert classique, film débat avec le réalisateur.
Points forts de la journée: pique-nique autour d'Elie Faure, concert de la soprano Ethel Brizard, Laurent Hasse présente son film "Le bonheur, terre promise" sélection des Reclusiennes 2015.

Pendant les Reclusiennes, les stagiaires en écriture musicale, les stagiaires en improvisation théâtrale et les artistes en résidence participent aux évènements et installent des "off" surprises au cours du festival.










Il est urgent d'agir, tract diffusé le 25 juin à Périgueux

 Il est urgent d'agir !

 Tract diffusé à la manifestation syndicale du 25 juin 2015

 

Depuis l’arrivée de la « gauche » au pouvoir en 2012, la machine libérale en marche n’a de cesse d’augmenter la cadence : les politiques menées portent de nombreux coups violents et répétés contre les travailleurs, tout en éclatant ce qui pouvait unir les salariés.

La loi Macron enterre un peu plus le Code du travail, détruit le CDI, favorise les licenciements, ampute le conseil des prud’hommes, englue la justice sociale, comble les quelques errements de la loi de sécurisation.

La loi Rebsamen (DUP, NAO, CHSCT), du nom du ministre du Travail, celui-là même qui a déclaré que
« le contrat de travail n’impose pas toujours un rapport de subordination entre l’employeur et le salarié [puisqu'il] est signé par deux personnes libres », est en concordance et en complément de la loi Macron. C’est un recul très net du droit des travailleurs, et une avancée terrible dans la sécurisation de la délinquance patronale.

On assiste là à la destruction des conquêtes globales obtenues depuis la Seconde Guerre mondiale, destruction qui se traduit par la mise à mort de la protection sociale amorcée notamment par le pacte de responsabilité, l’exonération des cotisations pour les bas salaires, le gel des aides au logement, la réforme des retraites, la modification de l’attribution des aides familiales.

Cette politique va de pair avec une destruction des services publics mise en œuvre de façon plus accentuée (la santé, notamment les hôpitaux, et l’action sociale, le logement, l’éducation) et qui nous inquiète bien que nous ne soyons pas attachés à une gestion étatique desdits services publics.

Les coups pleuvent de manière brutale et destructrice. Ces politiques s’accompagnent de celles qui visent à disloquer l’unité, l’égalité (le peu qu’il reste) des travailleurs. Dans les entreprises, ce sont les horaires décalés, les différences de rémunération, la discrimination positive ; au chômage, c’est la différenciation des allocations ; sur les territoires, c’est la réforme territoriale : non pas que l’on y soit attaché là encore, mais il existe des communes où la gestion directe pouvait exister. Sous la pression de l’Europe et de ses institutions internationales, l’État impose un pyramidage territorial nouveau qui tue la commune au profit des intercommunalités, des agglomérations, des régions. C’est le retour aux baronnies, aux fiefs.

La résistance est donc éclatée et vient, en outre, se heurter à l’antiterrorisme qui, prenant prétexte de la lutte contre un pseudo-ennemi intérieur, s’attaque brutalement aux dernières libertés individuelles et collectives de tous et toutes. La loi sur le renseignement, bientôt votée à l’Assemblée nationale, achève de faire de l’antiterrorisme un mode de gouvernement qui, déjà, s’en prend à des militants du mouvement social et syndical.

Dans ce contexte d’extrême brutalité, les divisions sont accentuées et exacerbent toutes les idées de rejet : xénophobie, racisme, repli sur soi, etc. Le système capitaliste s’en satisfait : pendant que l’on tape sur le travailleur immigré ou le chômeur, on ne se bat pas.

En face, qui réagit ? En Grèce, les mouvements sociaux de grande ampleur ont cédé à l’appel des urnes. Le parti d’extrême gauche tient un discours qui choque les Européens libéraux, mais il s’est littéralement couché devant eux. En France, les luttes dispersées et temporaires ne constituent pas de véritables révoltes. Les syndicats sont toujours plus muselés par le gouvernement, avec loi sur la représentativité, celle sur le financement des syndicats et, maintenant, avec l'idée d'un « sénat social » (intégration d’une partie des organisations syndicales par l’absorption d’une partie du CESE).

Mais le terrain de la lutte de classe se situe dans le combat syndical, notamment parce qu’il permet la remise en cause directe de l’exploitation capitaliste. Le paysage syndical s’est modifié il y a un peu plus de deux ans et le nouvel axe – sans occulter les logiques d’appareil – pourrait donner des résultats prometteurs. Les militants anarcho-syndicalistes entendent peser de tout leurs poids pour créer le rapport de force et construire par une réflexion approfondie, coordonnée et partagée la voix de la résistance.

Groupe Emma Goldman de la Fédération anarchiste - Périgueux

jeudi 23 avril 2015

Tract du groupe Emma Goldman pour le 1er mai 2015

 L’ÉMANCIPATION DES TRAVAILLEURS
SERA L’OEUVRE DES TRAVAILLEURS EUX-MÊMES !

Erosion continue des retraites, stagnation des salaires, multiplication des plans sociaux, hausse du chômage et de la précarité, vie chère et boulots stupides, démantèlement des services publics de la santé, de l’énergie, de l’éducation, des transports, chasse aux sans-papiers et répression des mouvements sociaux et on en passe… L’adage capitaliste selon lequel les pauvres doivent payer parce qu’ils sont les plus nombreux a bien été mis en pratique avec la crise. L’augmentation du nombre de chômeurs en est une preuve, de même que l’abandon progressif des services publics au profit du privé.

Après l’échec des mouvements avortés de 2003 et 2010 contre les réformes pro-patronales des retraites et de 2007 contre la réforme des régimes spéciaux,  les attaques anti-ouvrières se succèdent : CICE en 2012, ANI en 2013, pacte de responsabilité et réforme ferroviaire en 2014, loi Macron en 2015, loi Rebsamen à venir... le patronat avec l’aide des gouvernants et des syndicats collabos mène son offensive tout en ne rencontrant des résistances que localement ou par secteurs isolés.

Les organisations syndicales sont incapables de mettre eu oeuvre une riposte sérieuse. Qu’elles soient terrifiées à l’idée de déclencher des événements qu’elles ne contrôleraient pas, enfermées dans des logiques politiciennes ou engluées dans la collaboration avec les patrons, elles nous cantonnent dans des journées d’actions à répétition, sans lendemains, sans nous proposer de perspectives de combat. On peut d’ailleurs analyser ce rite réformiste de la « journée d’action » comme étant ni plus ni moins qu’un moyen de canaliser les mécontentements. Autant dire un enterrement de tout espoir, y compris pour l’obtention de miettes.

Seules les résistances locales parviennent parfois, de diverses manières, à des résultats. Fédérer les revendications n’est donc pas l’objectif des principales confédérations syndicales.

Ce qu’on nous présente sous le nom de démocratie n’est qu’une mascarade : le vrai pouvoir est entre les mains des hauts fonctionnaires, jamais élus, et d’une poignée de grands patrons. Les gouvernants, de droite comme de gauche, exécutent leurs désirs. Les politiciens de toutes espèces qui nous disent le contraire sont de fieffés menteurs. Ils nous saoulent de leurs fumées électorales, alors que, face aux rapaces de l’État et du Medef, nous n’avons qu’une seule solution : la lutte sans merci.

Les patrons ne nous feront aucun cadeau. Ils sont avares, cyniques, brutaux. Ce sont des voyous. Ils s’entendent pour nous tondre la laine sur le dos. Ne soyons plus des moutons ! Ça suffit comme ça ! Il est grand temps de mettre un frein à leur arrogance. Et nous pouvons le faire si nous nous en donnons les moyens.

Les partis politiques nous trahissent ? Laissons-les crever. Nos organisations syndicales ne nous défendent pas ? Investissons-les, portons-y la flamme de la révolte. Et, si c’est nécessaire, débordons-les, construisons mieux et plus fort, organisons-nous à la base, en assemblées générales, en comités de grève révocables, en groupes interprofessionnels, pour construire la grève générale expropriatrice et autogestionnaire.

L’urgence du moment, c’est de relever le mouvement social, qu’il retrouve sa combativité nécessaire à tout progrès social. Pour cela, il n’y a pas de recette, seulement l’huile de coude, le temps donné, la solidarité et la ténacité. De toute façon, rien ne se fera que nous ne ferons nous-mêmes.

Les militants anarchistes réclament et prendront toute leur place dans la lutte à venir. Seul l’anarchisme, l’idée émancipatrice de l’individu, n’a jamais vendu les intérêts des travailleurs à l’État et aux patrons. Seul l’anarchisme peut tirer le mouvement des travailleurs de l’ornière et ouvrir la perspective d’une vraie transformation sociale. Ne plus faire confiance en ceux qui trahissent régulièrement les intérêts de ceux qu’ils prétendent défendre, cela signifie ne plus les élire. Ils ne pourront plus se réclamer d’aucune légitimité. Contre tous ces exploiteurs, petits et grands, l’idée et la pratique libertaires sont les meilleures armes !
CELUI QUI SE BAT PEUT PERDRE
CELUI QUI NE SE BAT PAS A DÉJÀ PERDU !
1er mai 2015

mercredi 8 avril 2015

La lutte des chibanis du rail pour l'égalité

Entre les 23 et 27 mars, 916 chibanis (« cheveux blancs » en arabe), travailleurs à la SNCF, divisés en dix-huit groupes de plaignants sont passés devant la cour des prud’hommes de Paris pour la discrimination salariale dont ils ont été victimes.

Au début des années 1970, la SNCF peinait à recruter pour ses métiers les plus ingrats et les plus pénibles. Elle alla donc chercher de l’autre côté de la Méditerranée la main-d’œuvre bon marché qui lui faisait défaut. Près de 2 000 Marocains, mais également des Algériens et des Tunisiens quitteront le continent africain pour les triages ferroviaires français. Durant toute leur carrière, ils se verront cantonnés aux métiers les moins rémunérés et les plus dangereux (agents de manœuvre, enrayeurs, caleurs, chaîneurs…). N’étant pas Français, ils se verront refuser l’embauche au statut et signeront des contrats de droit privé – appelés PS 25 à la SNCF – tandis qu’ils se verront rattachés à la convention de la métallurgie au lieu de celle des chemins de fer. Leur contrat stipulait pourtant que « le travailleur doit recevoir travail égal, une rémunération égale à celle de l’ouvrier français de même catégorie… 


L’égalité s’étend également aux indemnités s’ajoutant au salaire ». Les travailleurs étrangers ne peuvent évoluer que sur trois grades contre huit grades pour les cheminots au statut, l’accès aux examens leur est refusé parce qu’étrangers, et même ceux qui ont réussi à passer les concours avec succès se sont vu refuser la promotion qui va avec, parce que non français. La discrimination a également portée sur la protection sociale, inférieure à celle de leurs collègues français : les chibanis doivent travailler en moyenne sept ans de plus que leurs collègues, pour une retraite deux fois moins importante, ils n’ont pas accès aux médecins SNCF, et les pensions de réversion aux veuves sont misérables, en moyenne 300 euros.

Le bras de fer juridique a commencé en 2001. En 2005-2006, une démarche juridique entamée par SUD-Rail avait permis à au moins deux tiers des cheminots contractuels marocains de partir à 60 ans avec des indemnités de départ. Entre-temps, un certain nombre de ces cheminots ont pu acquérir la nationalité française et pour une partie d’entre eux intégrer le cadre permanent ce qui a pour effet de multiplier les particularités individuelles parmi les plaignants.


La direction de la SNCF joue la montre et multiplie les recours arguant de la prescription des faits et qu’à l’époque la loi n’interdisait pas selon elle les traitements discriminatoires entre travailleurs français et étrangers au sein d’une même entreprise. Or l’égalité de traitement est inscrite dans la Constitution de 1958, et également dans les textes de l’Organisation internationale du Travail ou encore de la Convention européenne des droits de l’homme que la France a ratifié bien avant.


Enfin la discrimination des travailleurs étrangers va bien au-delà de la SNCF, elle touche depuis longtemps les anciens combattants tandis que l’on estime à près de 850 000 les travailleurs étrangers maghrébins, subsahariens ou chinois venus travailler à France comme à Renault ou dans les houillères du Nord…


Enfin, le soutien syndical a été bien rare et bien tardif. Depuis une dizaine d’années, seul SUD Rail soutient la lutte des chibanis, un militant du syndicat explique que « les syndicats ont longtemps pensé que défendre les contractuels était une façon de reconnaître qu’ils existaient, alors que leur combat portait sur la défense des travailleurs à statut. Et puis, il y avait une sorte de compromis non écrit entre les centrales et la SNCF : il y avait seulement 8 % de contractuels, mais en contrepartie tout le monde s’accordait pour les laisser dans des zones de non droit ».


SUD-Rail revendique, seul et depuis toujours, l’abolition de cette « clause de nationalité » responsable de ces discriminations. Les autres entreprises publiques (la Poste, EDF-GDF, la RATP, Air France, etc.) ont depuis longtemps retiré la clause de nationalité discriminatoire, et ont reconnu l’égalité au travail des salariés extra-européens.


La loi du 4 août sur la réforme ferroviaire prévoit l’éclatement de la SNCF et la remise en cause des droits des cheminots. Aujourd’hui, le gouvernement et le patronat ferroviaire pratiquent le dumping social et veulent niveler par le bas nos conditions de travail. Ainsi, les 155 000 cheminots du public devraient s’aligner sur les 3 000 du privé. Diviser pour mieux dominer et exploiter, c’est toujours la même stratégie des puissants.


À même travail, même salaire et mêmes droits, que l’on soit cheminot de la SNCF ou du privé, que l’on soit Français ou étranger. La prochaine grande lutte des travailleurs du rail, c’est le statut unique et les conditions de travail uniques sur les bases minimales du statut de la SNCF et du RH 0077. Ce procès est un symbole, celui de l’exploitation systématique des travailleurs immigrés dans la France d’après-guerre et des Trente Glorieuses. C’est aussi malheureusement celui du racisme que l’on trouve partout, y compris dans les organisations syndicales qui préfèrent encore aujourd’hui trop souvent ignorer voir mépriser cette classe des travailleurs.


Dans nos syndicats, les militants anarchistes ont la responsabilité de contribuer à élever la conscience politique et syndicale des travailleurs pour combattre TOUS les racismes et toutes les tentatives de division et d’opposition des travailleurs entre eux. L’union de TOUS les travailleurs dans l’action directe et les luttes autonomes et autogérées constitue la force révolutionnaire capable de faire basculer le vieux monde, d’abolir le salariat et d’abattre les frontières pour construire le communisme libertaire.


Chaque chibani réclame en moyenne 400 000 euros de dommages et intérêts. La décision pour les 213 premiers dossiers sera rendue le 21 septembre.



Julien - groupe Emma Goldman


Publié dans le Monde libertaire # 1770 du 2 avril 2015





samedi 28 mars 2015

Départementales du 29 mars 2015 : Agir au lieu d'élire

 Au deuxième tour, le 29 mars : on s’abstient toujours plus

Quand un électeur sur deux ne se déplace pas aux urnes et quand un parti d’extrême droite dépasse les 25%, cela devrait donner à réfléchir aux organisations politiques dites d’alternance.

Mais non, tout le monde est satisfait du résultat.

50% d’abstention en France c’est mieux que 55% ! Les politiciens se félicitent de ce taux de participation!

La droite est à 36% des voix, c’est la grande gagnante…Le PS/PRG est à 28%, c’est très honorable et le FN réalise l’exploit à 25% ! Que des gagnants !

Alors puisqu’ils sont tous gagnants, ils ne verront aucun inconvénient à ce l’on amplifie l’abstention au deuxième tour.

Car au lendemain du 29 mars, le chômeur ne trouvera toujours pas de boulot. L’ouvrier qui a du mal à boucler ses mois sera toujours dans la dèche. L’enseignant qui travaille en Zone d’éducation prioritaire aura toujours des conditions de travail déplorables. Celui qui habite dans un quartier ghetto retrouvera son environnement dégradé. Le retraité devra encore se serrer la ceinture bien qu’ayant bossé toute sa vie. Le jeune sera toujours exclu du marché du travail. Le travailleur sera comme souvent méprisé par son employeur…

Les élections se suivent et se ressemblent bougrement. Ils ont voté et puis après! disait Léo Ferré.

Pendant que les profits du CAC 40 explosent(56 milliards d'euros ont été versés aux actionnaires du CAC 40 en 2014, soit une augmentation de 30% par rapport à l'année précédente), les travailleurs doivent faire encore et toujours des efforts. Il faut faire baisser les dettes des communes, de l’État. C’est toujours moins de services publics, moins de moyens pour les gens et moins de pouvoir d’achat pour les chômeurs et les salariés. Alors de qui se moque-t-on ?

Qu’on remette ces petits marquis de la politique politicienne au boulot, le vrai, celui qui se gagne à la sueur de son front, pas celui obtenu par les pigeons d’électeurs, à coups de subventions d’État...

On nous propose un vote pour l’UMP ou le FN : deux partis réactionnaires. Pas question de voter pour les ennemis des travailleurs ! On nous propose de voter pour le PS, ce parti de gouvernement fossoyeur du mouvement ouvrier et défenseur de la loi Macron. Pas question de voter pour cet ennemi des travailleurs!

Les anarchistes boycottent les élections et appellent à l'abstention active. Nous refusons de cautionner un système électoral qui attribue de véritables chèques en blanc à une classe de politiciens corrompus, déconnectés des réalités sociales et qui se rétribuent grassement sur le dos des travailleurs. Nous refusons de cautionner une classe politique qui demande aux travailleurs de se résigner aux sacrifices, à la précarité et à la pauvreté quand elle multiplie les cadeaux aux riches et aux puissants qui ne se sont jamais aussi bien portés .

Les anarchistes proposent la démocratie directe, basée sur le fédéralisme libertaire, le mandatement impératif et la révocabilité permanente des mandatés. Notre abstentionnisme est actif et révolutionnaire, ce n'est pas celui du pêcheur à la ligne. Seule la lutte directe des exploités contre l’État, le patronat et les bureaucraties syndicales et politiques ouvre la perspective de véritables changements, à la révolution sociale.

La grève générale, expropriatrice et autogestionnaire est le prélude à un société communiste libertaire, sans classe ni État où Liberté, Égalité et Solidarité ne seraient pas de vains mots aux frontons de bâtiments officiels mais des réalités concrètes et vivantes. Mais pour cela il faut d'abord rompre avec toutes les illusions électorales et les mirages politiciens.

« L'émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » 





Groupe Emma Goldman de la Fédération anarchiste - Périgueux
                  
                                                                                      28/03/15

jeudi 8 janvier 2015

À bas l'obscurantisme et tous les fascismes



Tract du groupe Emma Goldman de la Fédération anarchiste 




Le massacre qui vient d'avoir lieu ce 7 Janvier à Paris est d'une extrême gravité. Cette attaque terroriste a malheureusement une signification éminemment politique : son but est d'imposer sa volonté par la force et la terreur, c'est à dire d'interdire et de dissuader toute critique, toute contestation, et même tout trait d'humour contre les dogmes religieux et contre l'idée de dieu même. Il importe pour nous, anarchistes, non seulement d'en déplorer les effets mais surtout d'en dénoncer les causes. 

 

D'une part, une « crise économique » persistante qui frappe la population et dont profitent les capitalistes avec la complicité d'une classe politique corrompue et accrochée à ses privilèges.



D'autre part, la diffusion massive d'une idéologie obscurantiste qui nie la lutte des classes et la liberté de l'individu.



Le tout se déroule dans un contexte de division et de stigmatisation où les communautarismes, les particularismes et les concepts ethno-différentialistes progressent et font le jeu du pouvoir et des populistes et réactionnaires de tout poil.



Nous mettons en garde dans ce climat de choc émotionnel contre toutes les manœuvres politiciennes. Celles qui visent à attiser les peurs et les haines sur fond d'un discours fantasmé sur la disparition d'une France envahie par les « étrangers » et les « barbus », tout comme celles qui, à droite comme à gauche et sur fond d'unité nationale factice, mettent en œuvre et accentuent des mesures sécuritaires et liberticides tout en privilégiant des relations troubles avec des États et des gouvernements finançant et soutenant ouvertement le djihadisme international et les mouvements les plus violents et les plus rétrogrades de l'Islam.



La tuerie à laquelle nous venons d'assister n'est qu'un des résultats dramatiques de cette situation qui a permis aux religions de redevenir un fait sociétal soit disant respectable. Le retour de l'influence religieuse dans la vie politique et sociale est une réalité : de la remise en cause de l'IVG, aux ingérences dans les programmes scolaires, aux manifestations contre l'égalité des droits pour les homosexuel-le-s jusqu'aux tentatives d'interdire le droit au blasphème et au delà toute critique des religions et des dogmes sacrés. Toutes les forces et volontés attachées à la pensée libre et au progrès social et humain doivent se mobiliser contre l'hydre obscurantiste.



Les religions sont des idéologies de soumission et de résignation, elles sont porteuses d'actes fanatiques et criminels, Voltaire l'écrivait déjà : « Ceux qui font croire des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités. »



L'émancipation des exploités ne sera jamais l'œuvre de partis politiques ou de religions, mais au contraire celle de leurs luttes solidaires et autonomes contre l’État, le capitalisme et toutes les religions.


Ni dieu ni maître !


08/01/15


Communiqué des anarchistes et libertaires de Dordogne


Ce mercredi matin, à 11h25, des assassins masqués, lourdement armés, ont « arrosé » pendant plusieurs longues minutes tous les locaux du journal satirique « Charlie-Hebdo », à Paris, faisant de nombreux blessés et douze morts recensés à cette heure.

Parmi eux, des salariés/es, des journalistes, et cinq dessinateurs célèbres, témoins, soutiens et/ou acteurs passés ou présents de nombreux combats libertaires : Charb, Cabu, Tignous, Wolinski, Honoré, Bernard Maris. Toutes ces personnes sont mortes uniquement parce qu’elles travaillaient dans un journal d'humeurs et d'humour.

Quoi que nous puissions penser de ce qu'était devenu « Charlie », nous ne pouvons pas, en tant que libertaires et anarchistes, supporter qu'on s'attaque à la liberté d'expression, droit humain fondamental, et à la liberté de la presse. Nous sommes indignés par ce crime, et ce d'où qu'il vienne, quel que soit le fanatisme religieux ou politique qui l'a armé, nous tenons à manifester notre solidarité pleine et entière, et à condamner cette horreur.

Pour autant, nous condamnons aussi la réponse politique du gouvernement social libéral, qui se borne au tout répressif, en rehaussant le niveau du plan vigipirate qui est pour nous une réponse inappropriée, liberticide, fondée sur la peur et la violence étatique légale. Nous nous opposerons aussi, aujourd'hui comme hier, à toute stigmatisation qui pourrait résulter d'une volonté politique d'assimiler des personnes au nom de leur culture ou de leur religion à cet acte atroce ; le risque d'instrumentalisation par l'extrême-droite étant une évidence.

Nous ne serons d'ailleurs d'aucune union nationale avec les apprentis sorciers qui jouent avec le racisme, attisent les haines contre les musulmans, les étrangers, ou se servent de cette affaire pour mettre en place de nouvelles lois liberticides. Ils portent une lourde responsabilité dans le climat xénophobe et délétère que nous connaissons aujourd’hui.

Parmi les indignés/e d'aujourd'hui de par le monde serons-nous nombreux/ses à faire le bilan des responsabilités dans la situation présente ? Quant aux fabricants d'armes, vendeurs officiels et trafiquants il semblerait qu'il ne soient pas prêts à lâcher le marché !

Les Anarchistes et Libertaires de Dordogne
(AL, Collectif Libertaire, FA)



lundi 5 janvier 2015

Hommage à André Devriendt (1920-2014)

Né le 9 juillet 1920 à Paris (XIIIe arr.) - mort le 27 décembre 2014 - Ouvrier sellier ; correcteur d’imprimerie - FA – CGT - Paris



Né le 9 juillet 1920 à Paris (XIIIe arr.), de parents belges (flamands) réfugiés en France au début de la Première Guerre mondiale et installés à Alfortville depuis 1920 où il s travaillaient respectivement comme terrassier et blanchisseuse, André Devriendt, après le Certificat d’études, avait suivi deux années de cours complémentaire. Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, il étudia l’allemand et la comptabilité, ce qui lui permit d’obtenir un diplôme d’études supérieures d’allemand et un diplôme de correspondancier commercial d’allemand. Il suivit également des cours d’anglais pendant trois ans.

Placé comme sellier garnisseur dans une usine d’automobiles en 1934, il passa son CAP de sellier-garnisseur en 1941. Il participa aux grèves de juin 1936 dans une carrosserie (les établissements Commeinhes) de Saint-Maur-des-Fossés ce qui lui valut d’être licencié à la fin de l’année. Plusieurs fois chômeur, il exerça divers métiers : maçon, entrepreneur, garçon boucher, avant de retrouver du travail dans son métier, chez Simca, à Nanterre, où il fut embauché le... 30 novembre 1938, jour de grève générale. Il ne commença évidemment que le lendemain.

En 1936, Devriendt adhéra au Parti social français du Colonel de La Roque mais le quitta dès l’année suivante, estimant « qu’il n’y avait rien à y faire ». Il expliquait cette adhésion comme une réaction à son milieu et « en raison de l’animosité que me témoignait mon père qui lui-même se déclarait rouge…Qu’allais-je faire dans cette galère ! Fils d’étrangers, français moi-même de fraîche date (avril 1936) par acte de renonciation à la nationalité belge, ouvrier pauvre et pauvre ouvrier, je n’avais rien de commun avec les membres du PSF composé de petits bourgeois, d’anciens combattants nostalgiques, ultra patriotes, xénophobes et j’en passe. »

La débâcle de 1940 fit qu’il échappa au service militaire. Après l’exode, il reprit son métier dans une usine réquisitionnée par les Allemands. Là, en septembre 1942, pour avoir entraîné tout le personnel de l’usine à la désobéissance à une disposition prise par les Allemands, il fut arrêté et, après interrogatoire à la Kommandantur de Neuilly, incarcéré à la prison du Cherche-Midi pendant trois semaines. Privé de son emploi, Devriendt dut alors partir travailler en Allemagne où il resta jusqu’en juin 1945. Il y rencontra une jeune Hongroise qui devint sa femme dont il eut deux enfants.

À son retour en France, A. Devriendt retrouva son métier et, après un bref passage au Parti communiste milita activement au sein du mouvement anarchiste. En mai 1946, sous le nom de Flamand la Simplicité, il fut reçu compagnon sellier-garnisseur à l’Union compagnonnique des devoirs unis, section de Paris. Il devint secrétaire de la section et participa au congrès de Tours en 1957.

C’est en 1947 après « être tombé par hasard sur un exemplaire du Libertaire » que Devriendt adhéra à la Fédération anarchiste et fonda le groupe libertaire d’Enghien-les-Bains, où il habitait 42 boulevard Cottes. En 1951, il remit sur pied le groupe libertaire d’Alfortville dont il fut le secrétaire, comme il le fut du groupe d’Enghien. Pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie, il mena une intense activité de propagande anticolonialiste, étant membre du courant minoritaire de la FA favorable au soulèvement algérien.

Lors de la scission au sein de la Fédération anarchiste, en 1950, il ne rejoignit pas la Fédération communiste libertaire, mais participa au contraire à la reconstruction de la Fédération anarchiste et à la fondation de son nouveau journal, le Monde libertaire dont il devint l’administrateur à partir du n°51 (juin 1959). Devriendt prit part à tous les congrès de la Fédération anarchiste de 1951 à 1966.

En 1958, il devint permanent au siège de la Fédération anarchiste, 3 rue Ternaux, Paris (XIe). Il ouvrit la librairie, et en assuma toutes les fonctions.


Le 31 décembre 1959, en raison de difficultés de trésorerie — en tant que permanent il recevait 600 NF par mois — il quitta la rue Ternaux où il fut remplacé par un camarade travaillant à mi-temps, mais il demeura administrateur du journal jusqu’en 1963 où il fut remplacé par Claude Kottelane.


En 1960, Devriendt devint correcteur d’imprimerie, entra au Syndicat des correcteurs de Paris CGT où il occupa de nombreux postes de responsabilité : secrétaire du comité d’entreprise à l’imprimerie de Montmartre en 1961, délégué du personnel chez Larousse en 1963, membre du comité syndical du Syndicat des correcteurs en 1965, secrétaire adjoint en 1967, secrétaire en 1968 et 1969, membre de la commission de contrôle du syndicat en 1971, secrétaire adjoint en 1972, secrétaire de février 1973 à février 1977 (date où il dut quitter le secrétariat en raison des dispositions statutaires, comme en février 1970), délégué au congrès de la Fédération française des travailleurs du Livre en 1976, membre du bureau du Comité intersyndical du livre parisien de 1973 à 1977.

De mars 1975 à mars 1977 André Devriendt prit une part active à la grande grève du Parisien Libéré, qui secoua toute la profession du livre et conduisit à des actions spéctaculaire comme l’occupation du paquebot France, de la mairie de Saint-Étienne, de multiples interventions sur le Tour de France.

En juin 1977, il devint administrateur bénévole de la Mutuelle générale de la presse et du livre, qui devint Mutuelle Nationale (MNPL). Il fut nommé secrétaire général, fonction qu’il occupa jusqu’en 1984, date à laquelle il devint vice-président. En 1986, il devint rédacteur en chef du nouveau périodique de la MNPL : Le Mutualiste de la presse et du livre, il avait été également membre du comité de gestion du centre médico-pédagogique La Mayotte, géré par le MNPL à Montlignon (Val-d’Oise). Il quitta ses fonction à la MNPL en 1992, arrivé en fin de mandat.

En 1990 et 1993, il fut délégué aux congrès de l’Union fédérale des retraités. En 1992, il représenta l’Union au congrès de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Il était également le responsable du bulletin Entre Nous, organe des retraités correcteurs.

En mai 1990, il devint directeur du Monde Libertaire en remplacement de Maurice Joyeux, malade. En 1997, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé André Devriendt qui comparaissait en tant que directeur du Monde libertaire. Il était poursuivi par Jean-Marie Le Pen pour provocation au meurtre, après un dessin publié le 16 mai 1996 et signé Lasserpe. Ce dessin représentait un homme armant un pistolet. Avec une légende sans nuance: «28% des Français approuvent les idées du Front national, la maladie de la vache folle fait des ravages, faut abattre le troupeau, vite.» Le tribunal a estimé que le «caractère grotesque et caricatural du message» lui ôtait toute crédibilité.

Depuis 1986, il était administrateur de la Caisse de crédit mutuel d’Alfortville (Val-de-Marne).

André Devriendt est décédé dans la nuit du 26 au 27 décembre 2014.

OEUVRE : Brochure « Le mouvement mutualiste » (n°22 de la revue Volonté anarchiste et nombreux articles dans le Compagnonnage, organe de l’Union compagnonnique des devoirs unis, sous le nom de Flamand la simplicité, de 1949 à 1962 ; dans le Monde libertaire, organe de la Fédération anarchiste, depuis 1957, sous le nom de Devriendt (sauf deux articles signés Ryan) ; dans la Rue, revue éditée par le groupe libertaire Louise Michel, à partir de 1971 ; dans le Bulletin des correcteurs, organe du syndicat des correcteurs, à partir de 1964 ; dans les Quarreaux, journal de l’Amicale des locataires du grand ensemble d’Alfortville en 1967 et 1968 ; dans Information et correspondance ouvrière, n° 106-107, paru sans signature ; dans Action, mensuel des Centres d’initiative communiste, n° 3, en collaboration avec A. Moine et J. Toublet. — Préface à Eugène Varlin, brochure de Maurice Dommanget, réédition, 4e trimestre 1975 ; dans Le Magazine Libertaire (Paris, 1984.

Biographie reprise et légèrement modifiée sur le Maitron des anarchistes :
http://militants-anarchistes.info/spip.php?article1257

jeudi 1 janvier 2015

Rojava : Fantasmes et réalités

Par Zafer Onat

Tandis que les photos des deux femmes portant des fusils correspondent à une similarité dans le sens de femmes combattant pour leurs libertés, il est clair que les personnes combattant l'État Islamique au Rojava n'ont pas, en ce moment précis, les mêmes buts et idéaux que les travailleurs et paysans pauvres qui luttaient au sein de la CNT-FAI afin de renverser à la fois l'État et la propriété privée.


La résistance de Kobanê qui a passé ses 45 jours a maintenant causé le fait que l'attention des révolutionnaires du monde entier s'est tournée vers le Rojava. Comme résultat du travail mené par l'Action Révolutionnaire Anarchiste1 des camarades anarchistes de nombreuses parties du monde ont envoyé des messages de solidarité à la résistance de Kobanê2. Cette position internationaliste a sans doute une grande importance pour les gens qui résistent à Kobanê. Toutefois, si nous n'analysons pas ce qui est en train d'arriver dans toute sa vérité et si, au lieu de cela, nous romançons, nos rêves se transformeront rapidement en déception.

En outre, afin de créer l'alternative révolutionnaire mondiale qui est urgemment nécessitée, nous devons avoir la tête froide et être réaliste, et nous devons faire des évaluations correctes. Sur ce point laissez nous mentionner en passant que ces messages de solidarité qui ont été envoyés à l'occasion de la résistance de Kobanê démontrent l'urgence de la tâche de créer une association internationale où les anarchistes révolutionnaires et les communistes libertaires peuvent discuter les questions locales et globales et être en lien solidaire durant les luttes. Nous avons ressenti le manque d'une telle internationale durant les quatre dernières années lorsque de nombreux soulèvements sociaux eurent lieu dans de nombreuses parties du monde - nous avons au moins ressenti ce besoin durant le soulèvement qui eut lieu en juin 2013 en Turquie.

Aujourd'hui, cependant, nous devons discuter du Rojava sans illusions et baser nos analyses sur le bon axe. Il n'est pas très facile pour des personnes d'évaluer les développements qui se produisent au sein du cadre temporel dans lequel elles vivent à partir de ce qu'elles voient en ce moment. Évidemment, des évaluations faites avec l'esprits obscurci par le sentiment d'être acculés et désespérés rendent encore plus dur pour nous le fait de produire des réponses solides.

Nulle part dans le monde d'aujourd'hui n'existe un mouvement révolutionnaire efficace dans notre sens du terme ou un fort mouvement de classe qui peut être un précurseur d'un tel mouvement. Les luttes qui émergent s'amenuisent soit en étant violemment réprimées ou soit en étant entraînées dans le système. Il semble qu'à cause de cela, juste comme dans le cas d'une importante partie des marxistes et des anarchistes en Turquie, des organisations révolutionnaires et des individus dans diverses parties du monde, sont en train d'attribuer à la structure qui a émergé au Rojava un sens qui est au delà de sa réalité. Avant tout autre chose, il est injuste pour nous de charger le fardeau de notre échec à créer une alternative révolutionnaire dans les endroits où nous vivons et le fait que l'opposition sociale est largement cooptée au sein du système sur les épaules des personnes qui luttent au Rojava. Ce Rojava, où l'économie est dans une large mesure agricole et qui est encerclé par des blocs impérialistes menés d'un coté par la Russie et de l'autre coté par les USA, par des régimes répressifs, réactionnaires et collaborateurs dans la région et par des organisations djihadistes brutales comme l'État Islamique qui ont prospéré dans cet environnement. En ce sens, il est également problématique d'attribuer une mission au Rojava qui est au delà de ce qu'il est ou de ce qu'il peut être ou de blâmer ces gens engagés dans une lutte à la vie à la mort parce qu'ils et elles escomptent du soutien de la part des forces de la Coalition ou qu'ils et elles ne mènent pas "une révolution à notre goût".

Tout d'abord nous devons identifier le fait que le processus du Rojava a des caractéristiques progressistes telles qu'un important bond en avant dans la direction de la libération des femmes, la tentative de construire une structure laïque, en faveur de la justice sociale, démocratique et pluraliste et le fait que les autres groupes ethniques et religieux aient une part dans l'administration. Toutefois, le fait que la nouvelle structure émergente ne vise pas l'élimination de la propriété privée, c'est à dire l'abolition des classes, que le système tribal demeure et que les leaders tribaux prennent part à l'administration montre que le but n'est pas la suppression des relations de production féodales ou capitalistes mais, au contraire, dans leurs propres mots "la construction d'une nation démocratique".

Nous devons également nous souvenir que le PYD est une partie de la structure politique dirigée par Abdullah Öcalan depuis 35 ans qui vise à la libération nationale et que toutes les limitations politiques que les mouvements nationalement orientés possèdent s'appliquent aussi au PYD. De plus, l'influence des éléments qui appartiennent à la classe dirigeante à l'intérieur du mouvement kurde est en augmentation constante avec le "processus de solution", spécialement en Turquie.

Sur ce point, il est utile d'examiner le Contrat de la KCK3 qui définit le confédéralisme démocratique qui forme la base du système politique au Rojava4. Quelques points dans l'introduction écrite par Öcalan méritent notre attention :

"Ce système prend en compte les différences éthniques, religieuses et de classe sur une base sociale." (..)

"Trois systèmes de lois s'appliqueront au Kurdistan : la loi de l'UE (Union Européenne), la loi de l'État unitaire, la loi confédérale démocratique."

En résumé, il est déclaré que la société de classe demeurera et qu'il y aura un système politique fédéral compatible avec le système global et l'État-nation. De concert avec cela, l'article 8 du Contrat, intitulé " Droits personnels, politiques et libertés" défend la propriété privée et la section C de l'article 10 intitulée "Responsabilités basiques" définit la base constitutionnelle du service militaire obligatoire et déclare "En cas de guerre de légitime défense, en tant qu'exigence de patriotisme, il y a la responsabilité de rejoindre activement la défense du pays natal et des droits et libertés basiques". Tandis que le Contrat déclare que le but n'est pas le pouvoir politique, nous comprenons également que la destruction de l'appareil d'État n'est pas visée, ce qui signifie que le but est l'autonomie au sein des États-nations existants. Quand le Contrat est vu dans son ensemble, l'objectif qui est présenté n'est pas vu comme allant au delà d'un système démocratique bourgeois qui est appelé confédéralisme démocratique.

En outre, il y a de sérieuses différences entre les deux processus en terme de conditions d'émergence, de positions de classe de leurs sujets, de lignes politiques de celles et ceux qui conduisent le processus et de force du mouvement révolutionnaire mondial.

Dans cette situation, nous ne devons ni être surpris ou blâmer le PYD s'ils et elles sont même forcés d'abandonner leur position actuelle, de manière à trouver une alliance avec les pouvoirs régionaux et globaux afin de briser le siège de l'État Islamique. Nous ne pouvons attendre des personnes qui luttent à Kobanê qu'elles abolissent l'hégémonie du capitalisme à l'échelle mondiale ou qu'elles résistent longtemps à cette hégémonie. Cette tâche peut seulement être réalisée par un fort mouvement de classe mondial et une alternative révolutionnaire.

Le capitalisme est en crise à un niveau global et les impérialistes, qui sont en train d'essayer de transcender cette crise en exportant la guerre à chaque coin du monde, ont transformé, avec l'aide des politiques des régimes répressifs de la région, la Syrie et l'Irak en un enfer. Du fait des conditions où n'existe pas une alternative révolutionnaire, le soulèvement social qui a émergé en Ukraine contre le gouvernement pro-russe et corrompu a eu pour résultat l'arrivée au pouvoir des forces pro-Union Européenne soutenues par les fascistes et la guerre entre deux camps impérialistes continue. Le racisme et le fascisme se développent rapidement dans les pays européens. En Turquie, les crises politiques se succèdent les unes aux autres et la division ethnique et sectaire de la société s'approfondit. Tandis que dans ces circonstances, le Rojava peut apparaître comme une planche de salut sur laquelle s'appuyer, nous devons considérer qu'au delà du siège militaire de l'État Islamique, le Rojava est également sous le siège politique de forces comme la Turquie, Barzani et l'Armée Syrienne Libre. Aussi longtemps que le Rojava n'est pas soutenu par une alternative révolutionnaire mondiale sur laquelle se reposer, il semble qu'il ne sera pas facile pour le Rojava ne serait-ce que de maintenir sa position actuelle sur le long terme.

Le sentier, pas seulement pour défendre le Rojava physiquement et politiquement mais aussi pour l'emmener plus loin, réside dans la création de terrains basés sur la classe pour l'organisation et la lutte, et reliés à une forte alternative révolutionnaire organisée globalement. La même chose s'applique pour prévenir l'atmosphère de conflit ethnique, religieux et sectaire qui saisit un peu plus chaque jour les peuples de la région et pour empêcher les travailleurs-euses de glisser dans un radicalisme de droite face à la crise du capitalisme à un niveau mondial. La solidarité avec Kobanê, bien qu'importante est insuffisante. Au delà de celle-ci, nous avons besoin de voir qu'il est impératif de discuter de ce qu'il faut faire pour créer un processus révolutionnaire et s'organiser pour cela à un niveau international, partout où nous sommes, pas seulement pour celles et ceux qui résistent à Kobanê mais aussi pour des millions de travailleurs-euses à travers le monde entier.

1 DAF en turc, pour Devrimci Anarşist Faaliyet. C'est une des principales organisations anarchiste en Turquie.

2 http://meydangazetesi.org/gundem/2014/10/dunya-anarsistlerinden-kobane-dayanismasi/

3 Le Contrat est lisible en français ici : http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/091114/le-contrat-social-de-rojava. Le sigle KCK désigne le "Groupe des Communautés du Kurdistan", un structure politique émanant du PKK, et qui regroupe le PKK de Turquie, le PYD de Syrie, le PJAK d'Iran et le PÇDK d'Irak ainsi qu'un certain nombre d'organisations sociales qui sont plus ou moins liées à ces partis frères. Le KCK est dirigé par une sorte de parlement appelé "Kongra Gelê" ou Congrès du Peuple du Kurdistan.

4 http://tr.wikisource.org/wiki/KCK_S%C3%B6zle%C5%9Fmesi