Au deuxième tour, le 29 mars : on s’abstient toujours plus
Quand un électeur sur deux ne se déplace pas aux urnes et quand un parti d’extrême droite dépasse les 25%, cela devrait donner à réfléchir aux organisations politiques dites d’alternance.
Mais non, tout le monde est satisfait du résultat.
50% d’abstention en France c’est mieux que 55% ! Les politiciens se félicitent de ce taux de participation!
La droite est à 36% des voix, c’est la grande gagnante…Le PS/PRG est à 28%, c’est très honorable et le FN réalise l’exploit à 25% ! Que des gagnants !
Alors puisqu’ils sont tous gagnants, ils ne verront aucun inconvénient à ce l’on amplifie l’abstention au deuxième tour.
Car au lendemain du 29 mars, le chômeur ne trouvera toujours pas de boulot. L’ouvrier qui a du mal à boucler ses mois sera toujours dans la dèche. L’enseignant qui travaille en Zone d’éducation prioritaire aura toujours des conditions de travail déplorables. Celui qui habite dans un quartier ghetto retrouvera son environnement dégradé. Le retraité devra encore se serrer la ceinture bien qu’ayant bossé toute sa vie. Le jeune sera toujours exclu du marché du travail. Le travailleur sera comme souvent méprisé par son employeur…
Les élections se suivent et se ressemblent bougrement. Ils ont voté et puis après! disait Léo Ferré.
Pendant que les profits du CAC 40 explosent(56 milliards d'euros ont été versés aux actionnaires du CAC 40 en 2014, soit une augmentation de 30% par rapport à l'année précédente), les travailleurs doivent faire encore et toujours des efforts. Il faut faire baisser les dettes des communes, de l’État. C’est toujours moins de services publics, moins de moyens pour les gens et moins de pouvoir d’achat pour les chômeurs et les salariés. Alors de qui se moque-t-on ?
Qu’on remette ces petits marquis de la politique politicienne au boulot, le vrai, celui qui se gagne à la sueur de son front, pas celui obtenu par les pigeons d’électeurs, à coups de subventions d’État...
On nous propose un vote pour l’UMP ou le FN : deux partis réactionnaires. Pas question de voter pour les ennemis des travailleurs ! On nous propose de voter pour le PS, ce parti de gouvernement fossoyeur du mouvement ouvrier et défenseur de la loi Macron. Pas question de voter pour cet ennemi des travailleurs!
Les anarchistes boycottent les élections et appellent à l'abstention active. Nous refusons de cautionner un système électoral qui attribue de véritables chèques en blanc à une classe de politiciens corrompus, déconnectés des réalités sociales et qui se rétribuent grassement sur le dos des travailleurs. Nous refusons de cautionner une classe politique qui demande aux travailleurs de se résigner aux sacrifices, à la précarité et à la pauvreté quand elle multiplie les cadeaux aux riches et aux puissants qui ne se sont jamais aussi bien portés .
Les anarchistes proposent la démocratie directe, basée sur le fédéralisme libertaire, le mandatement impératif et la révocabilité permanente des mandatés. Notre abstentionnisme est actif et révolutionnaire, ce n'est pas celui du pêcheur à la ligne. Seule la lutte directe des exploités contre l’État, le patronat et les bureaucraties syndicales et politiques ouvre la perspective de véritables changements, à la révolution sociale.
La grève générale, expropriatrice et autogestionnaire est le prélude à un société communiste libertaire, sans classe ni État où Liberté, Égalité et Solidarité ne seraient pas de vains mots aux frontons de bâtiments officiels mais des réalités concrètes et vivantes. Mais pour cela il faut d'abord rompre avec toutes les illusions électorales et les mirages politiciens.
« L'émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes »
Groupe Emma Goldman de la Fédération anarchiste - Périgueux
28/03/15
samedi 28 mars 2015
jeudi 8 janvier 2015
À bas l'obscurantisme et tous les fascismes
Tract du groupe Emma
Goldman de la Fédération anarchiste
Le massacre qui vient
d'avoir lieu ce 7 Janvier à Paris est d'une extrême gravité. Cette
attaque terroriste a malheureusement une signification éminemment
politique : son but est d'imposer sa volonté par la force et
la terreur, c'est à dire d'interdire et de dissuader toute critique,
toute contestation, et même tout trait d'humour contre les dogmes
religieux et contre l'idée de dieu même. Il importe pour nous,
anarchistes, non seulement d'en déplorer les effets mais surtout
d'en dénoncer les causes.
D'une part, une « crise
économique » persistante qui frappe la population et dont
profitent les capitalistes avec la complicité d'une classe politique
corrompue et accrochée à ses privilèges.
D'autre part, la
diffusion massive d'une idéologie obscurantiste qui nie la lutte des
classes et la liberté de l'individu.
Le tout se déroule dans
un contexte de division et de stigmatisation où les
communautarismes, les particularismes et les concepts
ethno-différentialistes progressent et font le jeu du pouvoir et des
populistes et réactionnaires de tout poil.
Nous mettons en garde
dans ce climat de choc émotionnel contre toutes les manœuvres
politiciennes. Celles qui visent à attiser les peurs et les haines
sur fond d'un discours fantasmé sur la disparition d'une France
envahie par les « étrangers » et les « barbus »,
tout comme celles qui, à droite comme à gauche et sur fond d'unité
nationale factice, mettent en œuvre et accentuent des mesures
sécuritaires et liberticides tout en privilégiant des relations
troubles avec des États et des gouvernements finançant et soutenant
ouvertement le djihadisme international et les mouvements les plus
violents et les plus rétrogrades de l'Islam.
La tuerie à laquelle
nous venons d'assister n'est qu'un des résultats dramatiques de
cette situation qui a permis aux religions de redevenir un fait
sociétal soit disant respectable. Le retour de l'influence
religieuse dans la vie politique et sociale est une réalité :
de la remise en cause de l'IVG, aux ingérences dans les programmes
scolaires, aux manifestations contre l'égalité des droits pour les
homosexuel-le-s jusqu'aux tentatives d'interdire le droit au
blasphème et au delà toute critique des religions et des dogmes
sacrés. Toutes les forces et
volontés attachées à la pensée libre et au progrès social et
humain doivent se mobiliser contre l'hydre obscurantiste.
Les religions sont des
idéologies de soumission et de résignation, elles sont porteuses
d'actes fanatiques et criminels, Voltaire l'écrivait déjà : « Ceux
qui font croire des absurdités peuvent vous faire commettre des
atrocités. »
L'émancipation des
exploités ne sera jamais l'œuvre de partis politiques ou de
religions, mais au contraire celle de leurs luttes solidaires et
autonomes contre l’État, le capitalisme et toutes les religions.
Ni dieu ni maître !
08/01/15
Communiqué des anarchistes et libertaires de Dordogne
Ce mercredi matin, à 11h25, des assassins masqués, lourdement
armés, ont « arrosé » pendant plusieurs longues minutes tous les locaux
du journal satirique « Charlie-Hebdo », à Paris, faisant de nombreux
blessés et douze morts recensés à cette heure.
Parmi eux, des
salariés/es, des journalistes, et cinq dessinateurs célèbres, témoins,
soutiens et/ou acteurs passés ou présents de nombreux combats
libertaires : Charb, Cabu, Tignous, Wolinski, Honoré, Bernard Maris.
Toutes ces personnes sont mortes uniquement parce qu’elles travaillaient
dans un journal d'humeurs et d'humour.
Quoi que nous puissions
penser de ce qu'était devenu « Charlie », nous ne pouvons pas, en tant
que libertaires et anarchistes, supporter qu'on s'attaque à la liberté
d'expression, droit humain fondamental, et à la liberté de la presse.
Nous sommes indignés par ce crime, et ce d'où qu'il vienne, quel que
soit le fanatisme religieux ou politique qui l'a armé, nous tenons à
manifester notre solidarité pleine et entière, et à condamner cette
horreur.
Pour autant, nous condamnons aussi la réponse politique
du gouvernement social libéral, qui se borne au tout répressif, en
rehaussant le niveau du plan vigipirate qui est pour nous une réponse
inappropriée, liberticide, fondée sur la peur et la violence étatique
légale. Nous nous opposerons aussi, aujourd'hui comme hier, à toute
stigmatisation qui pourrait résulter d'une volonté politique d'assimiler
des personnes au nom de leur culture ou de leur religion à cet acte
atroce ; le risque d'instrumentalisation par l'extrême-droite étant une
évidence.
Nous ne serons d'ailleurs d'aucune union nationale avec
les apprentis sorciers qui jouent avec le racisme, attisent les haines
contre les musulmans, les étrangers, ou se servent de cette affaire pour
mettre en place de nouvelles lois liberticides. Ils portent une lourde
responsabilité dans le climat xénophobe et délétère que nous connaissons
aujourd’hui.
Parmi les indignés/e d'aujourd'hui de par le monde
serons-nous nombreux/ses à faire le bilan des responsabilités dans la
situation présente ? Quant aux fabricants d'armes, vendeurs officiels et
trafiquants il semblerait qu'il ne soient pas prêts à lâcher le marché !
Les Anarchistes et Libertaires de Dordogne
(AL, Collectif Libertaire, FA)
lundi 5 janvier 2015
Hommage à André Devriendt (1920-2014)
Né le 9 juillet 1920 à Paris (XIIIe arr.) -
mort le 27 décembre 2014 - Ouvrier sellier ; correcteur d’imprimerie -
FA – CGT - Paris
Né le 9 juillet 1920 à Paris (XIIIe arr.), de
parents belges (flamands) réfugiés en France au début de la Première
Guerre mondiale et installés à Alfortville depuis 1920 où il s
travaillaient respectivement comme terrassier et blanchisseuse, André
Devriendt, après le Certificat d’études, avait suivi deux années de
cours complémentaire. Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, il
étudia l’allemand et la comptabilité, ce qui lui permit d’obtenir un
diplôme d’études supérieures d’allemand et un diplôme de
correspondancier commercial d’allemand. Il suivit également des cours
d’anglais pendant trois ans.
Placé comme sellier garnisseur dans une usine d’automobiles en 1934, il passa son CAP de sellier-garnisseur en 1941. Il participa aux grèves de juin 1936 dans une carrosserie (les établissements Commeinhes) de Saint-Maur-des-Fossés ce qui lui valut d’être licencié à la fin de l’année. Plusieurs fois chômeur, il exerça divers métiers : maçon, entrepreneur, garçon boucher, avant de retrouver du travail dans son métier, chez Simca, à Nanterre, où il fut embauché le... 30 novembre 1938, jour de grève générale. Il ne commença évidemment que le lendemain.
En 1936, Devriendt adhéra au Parti social français du Colonel de La Roque mais le quitta dès l’année suivante, estimant « qu’il n’y avait rien à y faire ». Il expliquait cette adhésion comme une réaction à son milieu et « en raison de l’animosité que me témoignait mon père qui lui-même se déclarait rouge…Qu’allais-je faire dans cette galère ! Fils d’étrangers, français moi-même de fraîche date (avril 1936) par acte de renonciation à la nationalité belge, ouvrier pauvre et pauvre ouvrier, je n’avais rien de commun avec les membres du PSF composé de petits bourgeois, d’anciens combattants nostalgiques, ultra patriotes, xénophobes et j’en passe. »
La débâcle de 1940 fit qu’il échappa au service militaire. Après l’exode, il reprit son métier dans une usine réquisitionnée par les Allemands. Là, en septembre 1942, pour avoir entraîné tout le personnel de l’usine à la désobéissance à une disposition prise par les Allemands, il fut arrêté et, après interrogatoire à la Kommandantur de Neuilly, incarcéré à la prison du Cherche-Midi pendant trois semaines. Privé de son emploi, Devriendt dut alors partir travailler en Allemagne où il resta jusqu’en juin 1945. Il y rencontra une jeune Hongroise qui devint sa femme dont il eut deux enfants.
À son retour en France, A. Devriendt retrouva son métier et, après un bref passage au Parti communiste milita activement au sein du mouvement anarchiste. En mai 1946, sous le nom de Flamand la Simplicité, il fut reçu compagnon sellier-garnisseur à l’Union compagnonnique des devoirs unis, section de Paris. Il devint secrétaire de la section et participa au congrès de Tours en 1957.
C’est en 1947 après « être tombé par hasard sur un exemplaire du Libertaire » que Devriendt adhéra à la Fédération anarchiste et fonda le groupe libertaire d’Enghien-les-Bains, où il habitait 42 boulevard Cottes. En 1951, il remit sur pied le groupe libertaire d’Alfortville dont il fut le secrétaire, comme il le fut du groupe d’Enghien. Pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie, il mena une intense activité de propagande anticolonialiste, étant membre du courant minoritaire de la FA favorable au soulèvement algérien.
Lors de la scission au sein de la Fédération anarchiste, en 1950, il ne rejoignit pas la Fédération communiste libertaire, mais participa au contraire à la reconstruction de la Fédération anarchiste et à la fondation de son nouveau journal, le Monde libertaire dont il devint l’administrateur à partir du n°51 (juin 1959). Devriendt prit part à tous les congrès de la Fédération anarchiste de 1951 à 1966.
En 1958, il devint permanent au siège de la Fédération anarchiste, 3 rue Ternaux, Paris (XIe). Il ouvrit la librairie, et en assuma toutes les fonctions.
Le 31 décembre 1959, en raison de difficultés de trésorerie — en tant que permanent il recevait 600 NF par mois — il quitta la rue Ternaux où il fut remplacé par un camarade travaillant à mi-temps, mais il demeura administrateur du journal jusqu’en 1963 où il fut remplacé par Claude Kottelane.
En 1960, Devriendt devint correcteur d’imprimerie, entra au Syndicat des correcteurs de Paris CGT où il occupa de nombreux postes de responsabilité : secrétaire du comité d’entreprise à l’imprimerie de Montmartre en 1961, délégué du personnel chez Larousse en 1963, membre du comité syndical du Syndicat des correcteurs en 1965, secrétaire adjoint en 1967, secrétaire en 1968 et 1969, membre de la commission de contrôle du syndicat en 1971, secrétaire adjoint en 1972, secrétaire de février 1973 à février 1977 (date où il dut quitter le secrétariat en raison des dispositions statutaires, comme en février 1970), délégué au congrès de la Fédération française des travailleurs du Livre en 1976, membre du bureau du Comité intersyndical du livre parisien de 1973 à 1977.
De mars 1975 à mars 1977 André Devriendt prit une part active à la grande grève du Parisien Libéré, qui secoua toute la profession du livre et conduisit à des actions spéctaculaire comme l’occupation du paquebot France, de la mairie de Saint-Étienne, de multiples interventions sur le Tour de France.
En juin 1977, il devint administrateur bénévole de la Mutuelle générale de la presse et du livre, qui devint Mutuelle Nationale (MNPL). Il fut nommé secrétaire général, fonction qu’il occupa jusqu’en 1984, date à laquelle il devint vice-président. En 1986, il devint rédacteur en chef du nouveau périodique de la MNPL : Le Mutualiste de la presse et du livre, il avait été également membre du comité de gestion du centre médico-pédagogique La Mayotte, géré par le MNPL à Montlignon (Val-d’Oise). Il quitta ses fonction à la MNPL en 1992, arrivé en fin de mandat.
En 1990 et 1993, il fut délégué aux congrès de l’Union fédérale des retraités. En 1992, il représenta l’Union au congrès de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Il était également le responsable du bulletin Entre Nous, organe des retraités correcteurs.
En mai 1990, il devint directeur du Monde Libertaire en remplacement de Maurice Joyeux, malade. En 1997, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé André Devriendt qui comparaissait en tant que directeur du Monde libertaire. Il était poursuivi par Jean-Marie Le Pen pour provocation au meurtre, après un dessin publié le 16 mai 1996 et signé Lasserpe. Ce dessin représentait un homme armant un pistolet. Avec une légende sans nuance: «28% des Français approuvent les idées du Front national, la maladie de la vache folle fait des ravages, faut abattre le troupeau, vite.» Le tribunal a estimé que le «caractère grotesque et caricatural du message» lui ôtait toute crédibilité.
Depuis 1986, il était administrateur de la Caisse de crédit mutuel d’Alfortville (Val-de-Marne).
André Devriendt est décédé dans la nuit du 26 au 27 décembre 2014.
OEUVRE : Brochure « Le mouvement mutualiste » (n°22 de la revue Volonté anarchiste et nombreux articles dans le Compagnonnage, organe de l’Union compagnonnique des devoirs unis, sous le nom de Flamand la simplicité, de 1949 à 1962 ; dans le Monde libertaire, organe de la Fédération anarchiste, depuis 1957, sous le nom de Devriendt (sauf deux articles signés Ryan) ; dans la Rue, revue éditée par le groupe libertaire Louise Michel, à partir de 1971 ; dans le Bulletin des correcteurs, organe du syndicat des correcteurs, à partir de 1964 ; dans les Quarreaux, journal de l’Amicale des locataires du grand ensemble d’Alfortville en 1967 et 1968 ; dans Information et correspondance ouvrière, n° 106-107, paru sans signature ; dans Action, mensuel des Centres d’initiative communiste, n° 3, en collaboration avec A. Moine et J. Toublet. — Préface à Eugène Varlin, brochure de Maurice Dommanget, réédition, 4e trimestre 1975 ; dans Le Magazine Libertaire (Paris, 1984.
Biographie reprise et légèrement modifiée sur le Maitron des anarchistes :
http://militants-anarchistes.info/spip.php?article1257
Placé comme sellier garnisseur dans une usine d’automobiles en 1934, il passa son CAP de sellier-garnisseur en 1941. Il participa aux grèves de juin 1936 dans une carrosserie (les établissements Commeinhes) de Saint-Maur-des-Fossés ce qui lui valut d’être licencié à la fin de l’année. Plusieurs fois chômeur, il exerça divers métiers : maçon, entrepreneur, garçon boucher, avant de retrouver du travail dans son métier, chez Simca, à Nanterre, où il fut embauché le... 30 novembre 1938, jour de grève générale. Il ne commença évidemment que le lendemain.
En 1936, Devriendt adhéra au Parti social français du Colonel de La Roque mais le quitta dès l’année suivante, estimant « qu’il n’y avait rien à y faire ». Il expliquait cette adhésion comme une réaction à son milieu et « en raison de l’animosité que me témoignait mon père qui lui-même se déclarait rouge…Qu’allais-je faire dans cette galère ! Fils d’étrangers, français moi-même de fraîche date (avril 1936) par acte de renonciation à la nationalité belge, ouvrier pauvre et pauvre ouvrier, je n’avais rien de commun avec les membres du PSF composé de petits bourgeois, d’anciens combattants nostalgiques, ultra patriotes, xénophobes et j’en passe. »
La débâcle de 1940 fit qu’il échappa au service militaire. Après l’exode, il reprit son métier dans une usine réquisitionnée par les Allemands. Là, en septembre 1942, pour avoir entraîné tout le personnel de l’usine à la désobéissance à une disposition prise par les Allemands, il fut arrêté et, après interrogatoire à la Kommandantur de Neuilly, incarcéré à la prison du Cherche-Midi pendant trois semaines. Privé de son emploi, Devriendt dut alors partir travailler en Allemagne où il resta jusqu’en juin 1945. Il y rencontra une jeune Hongroise qui devint sa femme dont il eut deux enfants.
À son retour en France, A. Devriendt retrouva son métier et, après un bref passage au Parti communiste milita activement au sein du mouvement anarchiste. En mai 1946, sous le nom de Flamand la Simplicité, il fut reçu compagnon sellier-garnisseur à l’Union compagnonnique des devoirs unis, section de Paris. Il devint secrétaire de la section et participa au congrès de Tours en 1957.
C’est en 1947 après « être tombé par hasard sur un exemplaire du Libertaire » que Devriendt adhéra à la Fédération anarchiste et fonda le groupe libertaire d’Enghien-les-Bains, où il habitait 42 boulevard Cottes. En 1951, il remit sur pied le groupe libertaire d’Alfortville dont il fut le secrétaire, comme il le fut du groupe d’Enghien. Pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie, il mena une intense activité de propagande anticolonialiste, étant membre du courant minoritaire de la FA favorable au soulèvement algérien.
Lors de la scission au sein de la Fédération anarchiste, en 1950, il ne rejoignit pas la Fédération communiste libertaire, mais participa au contraire à la reconstruction de la Fédération anarchiste et à la fondation de son nouveau journal, le Monde libertaire dont il devint l’administrateur à partir du n°51 (juin 1959). Devriendt prit part à tous les congrès de la Fédération anarchiste de 1951 à 1966.
En 1958, il devint permanent au siège de la Fédération anarchiste, 3 rue Ternaux, Paris (XIe). Il ouvrit la librairie, et en assuma toutes les fonctions.
Le 31 décembre 1959, en raison de difficultés de trésorerie — en tant que permanent il recevait 600 NF par mois — il quitta la rue Ternaux où il fut remplacé par un camarade travaillant à mi-temps, mais il demeura administrateur du journal jusqu’en 1963 où il fut remplacé par Claude Kottelane.
En 1960, Devriendt devint correcteur d’imprimerie, entra au Syndicat des correcteurs de Paris CGT où il occupa de nombreux postes de responsabilité : secrétaire du comité d’entreprise à l’imprimerie de Montmartre en 1961, délégué du personnel chez Larousse en 1963, membre du comité syndical du Syndicat des correcteurs en 1965, secrétaire adjoint en 1967, secrétaire en 1968 et 1969, membre de la commission de contrôle du syndicat en 1971, secrétaire adjoint en 1972, secrétaire de février 1973 à février 1977 (date où il dut quitter le secrétariat en raison des dispositions statutaires, comme en février 1970), délégué au congrès de la Fédération française des travailleurs du Livre en 1976, membre du bureau du Comité intersyndical du livre parisien de 1973 à 1977.
De mars 1975 à mars 1977 André Devriendt prit une part active à la grande grève du Parisien Libéré, qui secoua toute la profession du livre et conduisit à des actions spéctaculaire comme l’occupation du paquebot France, de la mairie de Saint-Étienne, de multiples interventions sur le Tour de France.
En juin 1977, il devint administrateur bénévole de la Mutuelle générale de la presse et du livre, qui devint Mutuelle Nationale (MNPL). Il fut nommé secrétaire général, fonction qu’il occupa jusqu’en 1984, date à laquelle il devint vice-président. En 1986, il devint rédacteur en chef du nouveau périodique de la MNPL : Le Mutualiste de la presse et du livre, il avait été également membre du comité de gestion du centre médico-pédagogique La Mayotte, géré par le MNPL à Montlignon (Val-d’Oise). Il quitta ses fonction à la MNPL en 1992, arrivé en fin de mandat.
En 1990 et 1993, il fut délégué aux congrès de l’Union fédérale des retraités. En 1992, il représenta l’Union au congrès de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Il était également le responsable du bulletin Entre Nous, organe des retraités correcteurs.
En mai 1990, il devint directeur du Monde Libertaire en remplacement de Maurice Joyeux, malade. En 1997, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé André Devriendt qui comparaissait en tant que directeur du Monde libertaire. Il était poursuivi par Jean-Marie Le Pen pour provocation au meurtre, après un dessin publié le 16 mai 1996 et signé Lasserpe. Ce dessin représentait un homme armant un pistolet. Avec une légende sans nuance: «28% des Français approuvent les idées du Front national, la maladie de la vache folle fait des ravages, faut abattre le troupeau, vite.» Le tribunal a estimé que le «caractère grotesque et caricatural du message» lui ôtait toute crédibilité.
Depuis 1986, il était administrateur de la Caisse de crédit mutuel d’Alfortville (Val-de-Marne).
André Devriendt est décédé dans la nuit du 26 au 27 décembre 2014.
OEUVRE : Brochure « Le mouvement mutualiste » (n°22 de la revue Volonté anarchiste et nombreux articles dans le Compagnonnage, organe de l’Union compagnonnique des devoirs unis, sous le nom de Flamand la simplicité, de 1949 à 1962 ; dans le Monde libertaire, organe de la Fédération anarchiste, depuis 1957, sous le nom de Devriendt (sauf deux articles signés Ryan) ; dans la Rue, revue éditée par le groupe libertaire Louise Michel, à partir de 1971 ; dans le Bulletin des correcteurs, organe du syndicat des correcteurs, à partir de 1964 ; dans les Quarreaux, journal de l’Amicale des locataires du grand ensemble d’Alfortville en 1967 et 1968 ; dans Information et correspondance ouvrière, n° 106-107, paru sans signature ; dans Action, mensuel des Centres d’initiative communiste, n° 3, en collaboration avec A. Moine et J. Toublet. — Préface à Eugène Varlin, brochure de Maurice Dommanget, réédition, 4e trimestre 1975 ; dans Le Magazine Libertaire (Paris, 1984.
Biographie reprise et légèrement modifiée sur le Maitron des anarchistes :
http://militants-anarchistes.info/spip.php?article1257
jeudi 1 janvier 2015
Rojava : Fantasmes et réalités
Par Zafer Onat
Tandis que les photos des deux femmes portant des fusils correspondent à une similarité dans le sens de femmes combattant pour leurs libertés, il est clair que les personnes combattant l'État Islamique au Rojava n'ont pas, en ce moment précis, les mêmes buts et idéaux que les travailleurs et paysans pauvres qui luttaient au sein de la CNT-FAI afin de renverser à la fois l'État et la propriété privée.La résistance de Kobanê qui a passé ses 45 jours a maintenant causé le fait que l'attention des révolutionnaires du monde entier s'est tournée vers le Rojava. Comme résultat du travail mené par l'Action Révolutionnaire Anarchiste1 des camarades anarchistes de nombreuses parties du monde ont envoyé des messages de solidarité à la résistance de Kobanê2. Cette position internationaliste a sans doute une grande importance pour les gens qui résistent à Kobanê. Toutefois, si nous n'analysons pas ce qui est en train d'arriver dans toute sa vérité et si, au lieu de cela, nous romançons, nos rêves se transformeront rapidement en déception.
En outre, afin de créer l'alternative révolutionnaire mondiale qui est urgemment nécessitée, nous devons avoir la tête froide et être réaliste, et nous devons faire des évaluations correctes. Sur ce point laissez nous mentionner en passant que ces messages de solidarité qui ont été envoyés à l'occasion de la résistance de Kobanê démontrent l'urgence de la tâche de créer une association internationale où les anarchistes révolutionnaires et les communistes libertaires peuvent discuter les questions locales et globales et être en lien solidaire durant les luttes. Nous avons ressenti le manque d'une telle internationale durant les quatre dernières années lorsque de nombreux soulèvements sociaux eurent lieu dans de nombreuses parties du monde - nous avons au moins ressenti ce besoin durant le soulèvement qui eut lieu en juin 2013 en Turquie.
Aujourd'hui, cependant, nous devons discuter du Rojava sans illusions et baser nos analyses sur le bon axe. Il n'est pas très facile pour des personnes d'évaluer les développements qui se produisent au sein du cadre temporel dans lequel elles vivent à partir de ce qu'elles voient en ce moment. Évidemment, des évaluations faites avec l'esprits obscurci par le sentiment d'être acculés et désespérés rendent encore plus dur pour nous le fait de produire des réponses solides.
Nulle part dans le monde d'aujourd'hui n'existe un mouvement révolutionnaire efficace dans notre sens du terme ou un fort mouvement de classe qui peut être un précurseur d'un tel mouvement. Les luttes qui émergent s'amenuisent soit en étant violemment réprimées ou soit en étant entraînées dans le système. Il semble qu'à cause de cela, juste comme dans le cas d'une importante partie des marxistes et des anarchistes en Turquie, des organisations révolutionnaires et des individus dans diverses parties du monde, sont en train d'attribuer à la structure qui a émergé au Rojava un sens qui est au delà de sa réalité. Avant tout autre chose, il est injuste pour nous de charger le fardeau de notre échec à créer une alternative révolutionnaire dans les endroits où nous vivons et le fait que l'opposition sociale est largement cooptée au sein du système sur les épaules des personnes qui luttent au Rojava. Ce Rojava, où l'économie est dans une large mesure agricole et qui est encerclé par des blocs impérialistes menés d'un coté par la Russie et de l'autre coté par les USA, par des régimes répressifs, réactionnaires et collaborateurs dans la région et par des organisations djihadistes brutales comme l'État Islamique qui ont prospéré dans cet environnement. En ce sens, il est également problématique d'attribuer une mission au Rojava qui est au delà de ce qu'il est ou de ce qu'il peut être ou de blâmer ces gens engagés dans une lutte à la vie à la mort parce qu'ils et elles escomptent du soutien de la part des forces de la Coalition ou qu'ils et elles ne mènent pas "une révolution à notre goût".
Tout d'abord nous devons identifier le fait que le processus du Rojava a des caractéristiques progressistes telles qu'un important bond en avant dans la direction de la libération des femmes, la tentative de construire une structure laïque, en faveur de la justice sociale, démocratique et pluraliste et le fait que les autres groupes ethniques et religieux aient une part dans l'administration. Toutefois, le fait que la nouvelle structure émergente ne vise pas l'élimination de la propriété privée, c'est à dire l'abolition des classes, que le système tribal demeure et que les leaders tribaux prennent part à l'administration montre que le but n'est pas la suppression des relations de production féodales ou capitalistes mais, au contraire, dans leurs propres mots "la construction d'une nation démocratique".
Nous devons également nous souvenir que le PYD est une partie de la structure politique dirigée par Abdullah Öcalan depuis 35 ans qui vise à la libération nationale et que toutes les limitations politiques que les mouvements nationalement orientés possèdent s'appliquent aussi au PYD. De plus, l'influence des éléments qui appartiennent à la classe dirigeante à l'intérieur du mouvement kurde est en augmentation constante avec le "processus de solution", spécialement en Turquie.
Sur ce point, il est utile d'examiner le Contrat de la KCK3 qui définit le confédéralisme démocratique qui forme la base du système politique au Rojava4. Quelques points dans l'introduction écrite par Öcalan méritent notre attention :
"Ce système prend en compte les différences éthniques, religieuses et de classe sur une base sociale." (..)
"Trois systèmes de lois s'appliqueront au Kurdistan : la loi de l'UE (Union Européenne), la loi de l'État unitaire, la loi confédérale démocratique."
En résumé, il est déclaré que la société de classe demeurera et qu'il y aura un système politique fédéral compatible avec le système global et l'État-nation. De concert avec cela, l'article 8 du Contrat, intitulé " Droits personnels, politiques et libertés" défend la propriété privée et la section C de l'article 10 intitulée "Responsabilités basiques" définit la base constitutionnelle du service militaire obligatoire et déclare "En cas de guerre de légitime défense, en tant qu'exigence de patriotisme, il y a la responsabilité de rejoindre activement la défense du pays natal et des droits et libertés basiques". Tandis que le Contrat déclare que le but n'est pas le pouvoir politique, nous comprenons également que la destruction de l'appareil d'État n'est pas visée, ce qui signifie que le but est l'autonomie au sein des États-nations existants. Quand le Contrat est vu dans son ensemble, l'objectif qui est présenté n'est pas vu comme allant au delà d'un système démocratique bourgeois qui est appelé confédéralisme démocratique.
En outre, il y a de sérieuses différences entre les deux processus en terme de conditions d'émergence, de positions de classe de leurs sujets, de lignes politiques de celles et ceux qui conduisent le processus et de force du mouvement révolutionnaire mondial.
Dans cette situation, nous ne devons ni être surpris ou blâmer le PYD s'ils et elles sont même forcés d'abandonner leur position actuelle, de manière à trouver une alliance avec les pouvoirs régionaux et globaux afin de briser le siège de l'État Islamique. Nous ne pouvons attendre des personnes qui luttent à Kobanê qu'elles abolissent l'hégémonie du capitalisme à l'échelle mondiale ou qu'elles résistent longtemps à cette hégémonie. Cette tâche peut seulement être réalisée par un fort mouvement de classe mondial et une alternative révolutionnaire.
Le capitalisme est en crise à un niveau global et les impérialistes, qui sont en train d'essayer de transcender cette crise en exportant la guerre à chaque coin du monde, ont transformé, avec l'aide des politiques des régimes répressifs de la région, la Syrie et l'Irak en un enfer. Du fait des conditions où n'existe pas une alternative révolutionnaire, le soulèvement social qui a émergé en Ukraine contre le gouvernement pro-russe et corrompu a eu pour résultat l'arrivée au pouvoir des forces pro-Union Européenne soutenues par les fascistes et la guerre entre deux camps impérialistes continue. Le racisme et le fascisme se développent rapidement dans les pays européens. En Turquie, les crises politiques se succèdent les unes aux autres et la division ethnique et sectaire de la société s'approfondit. Tandis que dans ces circonstances, le Rojava peut apparaître comme une planche de salut sur laquelle s'appuyer, nous devons considérer qu'au delà du siège militaire de l'État Islamique, le Rojava est également sous le siège politique de forces comme la Turquie, Barzani et l'Armée Syrienne Libre. Aussi longtemps que le Rojava n'est pas soutenu par une alternative révolutionnaire mondiale sur laquelle se reposer, il semble qu'il ne sera pas facile pour le Rojava ne serait-ce que de maintenir sa position actuelle sur le long terme.
Le sentier, pas seulement pour défendre le Rojava physiquement et politiquement mais aussi pour l'emmener plus loin, réside dans la création de terrains basés sur la classe pour l'organisation et la lutte, et reliés à une forte alternative révolutionnaire organisée globalement. La même chose s'applique pour prévenir l'atmosphère de conflit ethnique, religieux et sectaire qui saisit un peu plus chaque jour les peuples de la région et pour empêcher les travailleurs-euses de glisser dans un radicalisme de droite face à la crise du capitalisme à un niveau mondial. La solidarité avec Kobanê, bien qu'importante est insuffisante. Au delà de celle-ci, nous avons besoin de voir qu'il est impératif de discuter de ce qu'il faut faire pour créer un processus révolutionnaire et s'organiser pour cela à un niveau international, partout où nous sommes, pas seulement pour celles et ceux qui résistent à Kobanê mais aussi pour des millions de travailleurs-euses à travers le monde entier.
1 DAF en turc, pour Devrimci Anarşist Faaliyet. C'est une des principales organisations anarchiste en Turquie.
2 http://meydangazetesi.org/gundem/2014/10/dunya-anarsistlerinden-kobane-dayanismasi/
3 Le Contrat est lisible en français ici : http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/091114/le-contrat-social-de-rojava. Le sigle KCK désigne le "Groupe des Communautés du Kurdistan", un structure politique émanant du PKK, et qui regroupe le PKK de Turquie, le PYD de Syrie, le PJAK d'Iran et le PÇDK d'Irak ainsi qu'un certain nombre d'organisations sociales qui sont plus ou moins liées à ces partis frères. Le KCK est dirigé par une sorte de parlement appelé "Kongra Gelê" ou Congrès du Peuple du Kurdistan.
4 http://tr.wikisource.org/wiki/KCK_S%C3%B6zle%C5%9Fmesi
samedi 8 novembre 2014
Contre les violences policières
La
police assassine en toute impunité
Le
gouvernement ment sans vergogne
Tract diffusé sur le marché de Périgueux par le groupe Emma Goldman de la FA
Rémi
Fraisse, jeune botaniste de 21 ans, est mort lors d'une
manifestation.
Le
rapport d'autopsie dévoilé par Mediapart indique que l'explosion
d'une grenade offensive lancée par une gendarme lui a arraché une
partie de la colonne vertébrale et de la moelle épinière
provoquant une mort instantanée. La police a tué, encore une fois,
et pourtant...
Et
pourtant la police n'est déjà plus coupable.
Porté
par les grands médias, le retournement s'est opéré. S'il est avéré
que la police a tiré, c'est soit par accident, soit en situation de
légitime défense. On oublie donc la disproportion entre les armes
des manifestants et celles de la police, et la responsabilité qui en
découle. On oublie que la police française, internationalement
reconnue pour son expertise en maintien de l'ordre, est organisée et
entraînée, afin d'éviter ce genre d'accident (son centre
international d'entrainement se situe justement à Saint-Astier en
Dordogne).
On
oublie que le tir tendu lui est interdit, justement parce qu'il y a
déjà eu des morts (Vital Michalon, physicien de 31 ans, tué en
1977 lors de la manifestation contre la centrale nucléaire à
Creys-Malville d'un tir tendu de grenade offensive dont l'explosion
lui fera éclater les poumons. Le premier rapport de police tentera
de faire croire à une simple crise cardiaque du fait de l'absence de
blessures extérieures visibles. L'enquête ne déterminera aucune
responsabilité et la justice aux ordres prononcera un non-lieu.)
Et
pourtant, la responsabilité ce sont les manifestants violents qui la
portent. L'enquête a échoué dans ce sens, mais a dès le début
mis en avant que le projectile aurait pu venir des manifestants. Ça
n'est pas le cas, mais l'idée que ça aurait pu l'être est quand
même un élément à charge. Les partisans de la voie légale, en
particulier les élus et représentants associatifs qui ont des
intérêts dans le débat parlementaire, se sont empressés non
seulement de se dissocier des manifestants violents, « casseurs »,
« terroristes verts », mais encore de remettre en cause leur
légitimité à participer à la contestation. Cependant s'il n'y
avait eu que la voie légale, il n'y aurait même pas eu de lutte.
Et
pourtant le coupable, c'est Rémi Fraisse lui-même.
Le
gouvernement qui dés la mort de Rémi Fraisse a su immédiatement la
vérité l'a caché pendant 48 heures pour tenter de brouiller les
pistes. Une enquête quant au contenu de son sac à dos a tenté
honteusement et en vain de prouver qu'il y aurait eu des substances
explosives ayant aggravé les séquelles. Si ça avait été le cas,
aurait-il mérité son sort ? Mais avant tout, Rémi Fraisse est
coupable d'avoir participé à cette manifestation. Ce qui est
signifié ici c'est que parce que la police était là, il n'aurait
pas dû y être, lui, et donc s'exposait de lui-même, illégalement,
au risque de subir une violence, elle légale. C'est donc illégal,
mais est-ce pour autant illégitime de manifester contre une décision
des autorités publiques sans l'autorisation de ces mêmes autorités
publiques ?
La
police ne sera jamais condamnée.
Premièrement
parce que d'habitude, elle enquête à charge, les accusés à
décharge. Comment sera monté ici le dossier ? Ensuite parce que la
police bénéficie d'un allié de choix : l’État. Les forces de
l'ordre sont le bras armé d'un ordre établi, hégémonique et
capitaliste, et l’État est le garant de cet ordre. La remise en
question de la Police implique la remise en question de l’État et
du système sur lequel est fondé la société.
La
police a tué Rémi Fraisse, comme chaque année elle en tue des
dizaines d'autres.
-
Répression des mouvements sociaux et interventions policières dans
les quartiers, causant de nombreux blessés, parfois mutilés à vie,
et même des morts.
-
Interdiction de manifester à Paris, Nantes et aujourd'hui à
Toulouse pour dénoncer ces violences de l'État, générant des
arrestations massives.
-
Vidéosurveillance dans les rues, fichage généralisé et espionnage
des échanges internet...
La
société capitaliste, via son État, ses polices et gendarmes,
affirme son véritable visage : celui du contrôle de la population
et de sa soumission à son ordre. Les méthodes de "maintien de
l'ordre" constituent en elles-mêmes un marché, une offre de
services monnayables auprès d'autres États (Michèle Alliot Marie,
alors Ministre de l'Intérieur, avait démarché Ben Ali, dictateur
de Tunisie, pour mater les révoltes populaires). Le matériel
utilisé (armes, engins...) est lui aussi un marché expérimenté en
direct sur le terrain - urbain et rural - pour être ensuite mieux
exporté.
Derrière
la façade libérale et démocratique, la réalité est là : on ne
peut manifester que si on ne remet plus rien en cause. Par le biais
des ses forces de répression, l’État élimine ceux et celles qui
refuseraient de rentrer dans la case qui leur est assignée, qui
contesteraient les règles du jeu, ceux et celles qui n'ont pas la
bonne gueule, la bonne langue, les bonnes mœurs, qui rappellent
qu'il existe un ailleurs au système. Mais c'est son rôle, c'est ce
pourquoi elle a été créée. Alors jamais la Police n'aura tort.
Les
inégalités dans la société se creusent, générant des
souffrances pour une majorité, tandis qu'une minorité s'engraisse
toujours plus, il est un devoir de se révolter, de créer une
société libre et autogérée, sans racisme, sans classes, ni
patriarcat, ni État.
Mettons
fin à l'impunité de la Police
Justice
pour les victimes de bavures policières
08/11/14
Solidarité avec les révolutionnaires du Rojova
1er
novembre :
Journée
mondiale de Solidarité
avec
les révolutionnaires
kurdes
du Rojava !
Tract
diffusé sur le marché de Périgueux, le samedi 1er novembre 2014 par le groupe Emma Goldman de la FA
Dernièrement,
la coalition des impérialistes menée
par les États-Unis s'est vu obligée de reconnaître la résistance
acharnée des combattants et combattantes de Kobané, et les a
soutenus par des frappes aériennes. Il ne faut cependant pas être
dupes, ce revirement est purement opportuniste. Ils ont fait le pari
que Kobané tomberait rapidement et ce n'est que parce que les unités
d'autodéfense ont résisté si longtemps qu'ils se sont vu obligés
d'agir.
Il
aurait été bien trop compliqué d'expliquer pourquoi personne ne
soutenait cette ville menacée d'un massacre, que tous les médias
annonçaient comme perdue, mais qui refusait de tomber. La frontière
turque n'est toujours pas ouverte, et la répression des
manifestations de soutiens en Turquie, une trentaine de manifestants
tués, nous montre bien dans quel camp est le gouvernement
d'Erdogan.
Voilà
déjà deux ans que le Rojava, cette région syrienne peuplée
majoritairement de Kurde, s'est lancée dans la construction de son
autonomie. Il faut avant tout souligner que dans cette région de
peuplement kurde, toutes les cultures et religions sont traitées sur
un pied d'égalité. Ainsi il n'est pas rare que des cantons adoptent
trois langues officielles, et que des représentants des peuples ou
religions minoritaires aient une place attitrée dans les conseils.
On
peut ainsi trouver chrétiens et musulmans, Turcs et Kurdes, sunnites
et chiites, siégeant côte à côte, ou combattant dans les mêmes
unités d'autodéfense. Un nouveau système judiciaire se met
actuellement en place avec pour but principal d'installer un mode de
gestion des conflits plus démocratique, visant à la réhabilitation
et à la réparation plutôt qu'à la punition. Une forme
particulière d'autogestion, appelée confédéralisme démocratique
ou autonomie démocratique, propose une forme de gestion collective
de la société, basée sur des conseils de communes auxquels
participent tous les habitants, ces communes sont ensuite regroupés
en communautés de districts ou de villages, et enfin en cantons.
Le
but affiché est de combattre le principe d'État-nation, et de le
remplacer par une confédération de communes et de canton. La
résistance, tout en continuant son combat pour la reconnaissance du
peuple kurde, ne pense désormais plus que cette libération passe
forcément par un État, qui est désormais perçu comme un menace
pour les libertés, quel que soit son origine.
La
libération des femmes est l'un des éléments centraux, et les plus
mis en avant, mais ne se limite pas aux bataillons des unités
d'autodéfense féminines (YPJ). La place des femmes dans la nouvelle
organisation de la société a été repensée, et certaines mesures
ont été mises en place ; les représentants élus doivent
maintenant être deux, un homme et une femme, et un pourcentage
minimum de femmes est requis aux postes de décisions ou dans les
assemblées. La polygamie et les mariages forcés ont été
interdits, et des structures spécifiques composées de femmes sont
chargées de ces questions ainsi que des problèmes de violences
conjugales, de viols, de « crimes d'honneurs » etc.
De
façon générale, nous manquons encore d'informations sur cette
nouvelle forme d'organisation au Rojava, et nous n'avons pas la
naïveté de croire qu'une révolution détruise du jour au lendemain
les racines de toute domination. Nous ne croyons pas non plus que
toutes les mesures prises soient en accord avec nos convictions
anarchistes et que, surtout en période de guerre intense, une
solution soit trouvée à tous les problèmes de l'ancien système.
Ainsi
la question sociale est rarement abordée et en tant qu'anarchistes
nous ne pensons pas qu'une société aussi « démocratique »
soit-elle résoudra la question sociale sans redistribution des
richesses, des moyens de production, et leur gestion directe par la
population.
Cependant,
nous avons la certitude que quelque chose de nouveau se passe dans la
région, et qu'il est possible d'espérer que la révolution se
renforcera, s'étendra et vaincra au Rojava.
Plus
d'infos sur le blog Anarchistes solidaires de la résistance du
Rojava - Kurdistan : www.rojavasolidarite.noblogs.org
Des fonds pour la révolution !
Les
réfugié.e.s ont besoin d'aide ; les miliciennes et les miliciens
ont besoin d'armes ; les familles des victimes ont besoin de secours.
Comme d'autres, le mouvement libertaire lance une campagne de soutien
financier. L'argent que vous enverrez transitera par des circuits
sûrs, par l'intermédiaire des anarchistes de Turquie (DAF), en qui
le PYD et les organisations kurdes ont toute confiance. Il finira par
alimenter l'action des YPG-YPJ, des Maisons du peuple et des communes
du Rojava. Comment verser ? Par virement : À la Société d'entraide
libertaire. IBAN : FR76 1027 8085 9000 0205 7210 175 BIC : CMCIFR2A
Par chèque : À l'ordre de SEL, mention Kurdistan au
dos. À expédier à CESL, BP 121, 25014, Besançon Cedex.
Hommage à Rémi samedi 1er novembre
Ils abattaient les arbres,
maintenant ils abattent les hommes !
Ni oubli, ni pardon
pour les assassins de Rémi Fraisse
Pendant la nuit de samedi 25 à
dimanche 26 octobre un manifestant, Rémi, a été tué par une
grenade offensive de la gendarmerie au cours des affrontements qui se
sont déroulés lors du rassemblement contre le barrage de Sivens au
Testet. Environ 7000 personnes avaient convergé sur la ZAD (Zone à
défendre) du Testet après des mois d'attaques policières, de
destruction de la zone humide et des habitats de ceux qui la
défendaient.
Ce décès révoltant n'est
malheureusement pas surprenant dans ce contexte. A Notre dame des
landes, au Testet, au Chefresnes (50) contre le nucléaire en 2012,
et partout où nous nous opposons à leurs desseins, nous avons dû
faire face au déploiement croissant de la violence d’État. Si
nous avons bien compris de notre coté que nous ne pouvions nous
contenter de les regarder docilement détruire nos vies, eux ont
démontré qu'ils ne nous feraient aucun cadeau.
Pendant les mois d'expulsion de la ZAD
de Notre Dame des Landes, de nombreux camarades ont été blessés
gravement par des tirs de flashballs et grenades. Depuis des semaines
au Testet plusieurs personnes ont été blessées elles aussi.
Pourtant c'est bien, entre autre, parce que des milliers de personnes
se sont opposées physiquement aux travaux, aux expulsions, à
l'occupation policière de leurs lieux de vie que le projet
d'aéroport de Notre dame des landes est aujourd'hui moribond, et que
le barrage du Testet et ceux qui devaient lui succéder sont
largement remis en question. C'est cet engagement en acte qui a donné
une puissance contagieuse à ces luttes et qui menace partout
aujourd'hui l'aménagement marchand du territoire.
Nous serons aujourd'hui au
rassemblement organisé à 14h30 devant la Préfecture de Périgueux,
d'autres seront dans de nombreuses autres villes de France, pour
marquer notre tristesse, saluer la mémoire du camarade tué samedi
et pour exprimer notre colère face à la violence d’État.
Réagissons avec force pour qu'il y ait un avant et un après cette
mort. Affirmons plus fort que jamais notre solidarité avec tous ceux
qui luttent au Testet et ailleurs contre leurs projets guidés par
les logiques de contrôle et de profit, barrage de Sivens mais aussi
avec tous ceux qui tombent plus silencieusement sous les coups de la
répression partout ailleurs. Nous ne nous laisserons ni diviser ni
paralyser par la peur. Nous continuerons à vivre et lutter sur les
espaces qu'ils rêvent d'anéantir, et à leur faire obstacle.
Nous ne laisserons pas le silence
retomber, nous n'oublierons pas !
01/11/14
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